Royaume d'Achaïa Che'Hina
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Archive : Forteresse d'Asgard, éléments. Récit conjoint, NightShade, Xehlrox

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Message  Irkrith Dim 10 Fév - 9:39


Un ouvrage sans ornementation, un mince volume toilé, portant une référence.
A la pointe d'une main-patte étrange, la plume paraît aussi incongrue qu'un ruban rose sur la tête d'un orc.
Le visage étrange et impénétrable de l'archiviste est penché sur la couverture, et il écrit rapidement, à petites touches, une seconde ligne de symboles sous la première.

Autre référence, ajouter.
Renvoyer au volume <°ùÿ=|^µ\, copie.
Section poésie elfique, ésotérisme.
Original en dépôt extérieur, NightShade, 8]-ç|~\, refus de dépôt interne.
Il s'arrête un instant d'écrire.

La persuader.
Volume ancien, précieux. Dégradable.
La persuader.
Il pose la plume et ouvre un gigantesque livre aux pages couvertes d'une écriture serrée, en longues colonnes régulières. Des références, des milliers de références. Aux deux-tiers du livre à peu près, il parvient à la fin de la liste et reproduit soigneusement la référence qu'il vient d'inscrire. Puis il ajoute une brève description.

Récit de voyage, forteresse des Héritiers d'Asgard.
Gardiennes ailées.
Bibliothèque, textes anciens.
Responsable, Nyëliath, Gaendaïlo.
Il se redresse, et une seconde d'immobilité révèle une autre réflexion personnelle.

Elfe, grand âge. Grand savoir.
Prendre contact pour échanges éventuels.
Connaître nécessités de succession.
Proposer services.
Une stridulation, et une grande fourmi brune apparaît. Ses antennes palpent l'air autour de l'archiviste. Nul autre son n'est échangé. La fourmi se charge du volume et l'emporte vivement vers sa destination. Entre les pages, une histoire, quelques éléments de connaissance à glaner au milieu d'un récit qui parle de la recherche d'une autre connaissance. Rien qui intéresse une fourmi. Sa tâche n'est pas de s'intéresser, mais de conserver.
Qui sait ce qu'un autre voyageur pourrait trouver entre ces lignes ? Quels avertissements, quels indices ?

NightShade lui répondrait brièvement, sans doute : n'entre pas dans un lieu gardé par des poulets. Surtout quand ces poulets savent tirer à l'arc.
Irkrith
Irkrith

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Message  NightShade Dim 10 Fév - 9:41


C'est grand.
Beaucoup trop grand.


Et elle aime pas ce qui est grand. En tout cas quand c'est en pierre, construit avec des mains. Une montagne, ça la dérange pas. Un de ces arbres millénaires non plus. Ca... Ca c'est énorme, c'est artificiel. Donc c'est menaçant. Et ça ne s'en cache même pas.

Bon... Qu'est-ce que je fais ?

Arrêtée à l'orée de la forêt qu'elle vient de finir de traverser, la rôdeuse lorgne le flanc escarpé de la montagne et l'espèce de monstre immobile qui s'y tient agrippé. Même d'aussi loin elle en a déjà du mou dans les jambes, à l'idée d'avancer vers les portes gigantesques qu'elle aperçoit. Sans parler d'y frapper. Sans parler de les franchir. Oh misère, et qui sait ce qui s'enroule là derrière, ce qui plonge dans l'ombre ou grimpe vers les sommets. Ce qui creuse vers le coeur de la roche, profondément. Elle imagine la forteresse comme une arme plantée dans la terre, et elle la sent en elle comme si elle était la terre, la montagne, et que cette chose était rivée à sa peau, plongée dans sa chair. Lourde.

Ca ne se débat pas, une montagne. Ca ne peut que subir.
Et ça n'a rien d'autre que la certitude de durer plus longtemps qu'aucune construction, aussi titanesque soit-elle...

Sauf que ça ne pense pas.

Tu en es sûre ?

Pratiquement.

Pratiquement...

Ca me suffit. Ca ne pense pas, ça n'a pas mal. C'est une montagne. Assez de délires de projection, maintenant. Sans quoi tout ce voyage est du temps perdu. En avant.

Et elle avance, les dents serrées, à petits pas secs et décidés. Les sacs attachés sur son dos ne bougent pas, bien assurés sous son ventre et à sa taille. Les flèches sont à portée de main, les plantes qui soignent. Les provisions sont rangées plus au fond, c'est jamais urgent à ce point de casser la croûte. Par contre...

Elle saisit l'outre de vin et l'extirpe de la sacoche de gauche, s'en octroie une lampée, la rebouche et la range. Un peu de coeur au ventre... Ses yeux n'ont pas lâché les grandes portes fermées.

Aussi rébarbatives dans le genre que les yeux de ce foutu ange de pierre.

Mais elle n'a pas trouvé de réponses dans la bibliothèque du Royaume. Pas trouvé de réponses dans les yeux des anciens qu'elle a questionnés. Pas trouvé d'indices quand elle est retournée auprès de la pierre moussue. Elle a emporté la fleur triste et l'a plantée près d'un rocher gris, près d'autres fleurs, au bord de la clairière où elle s'est installée. Depuis il lui semble que la fleur se dresse plus forte et plus vivante.

Mais pas moi.

Non... malgré les forces retrouvées et la santé restaurée, la chair qui dissimule ses côtes auparavant saillantes et qui emplit un peu ses joues creuses, malgré les quelques couleurs revenues sur sa peau naturellement pâle mais moins blafarde à présent, NightShade ne va pas mieux. Elle apprend le Royaume, elle apprend les siens, les alliés et les ennemis, les chemins cachés et ceux qui sont trop évidents, les cachettes et les abris. Elle apprend sur tout. Mais elle reste un mystère pour elle-même. Et sa foutue tête...

La cage aux corbeaux. Corbeaux carnivores qui me bouffent les doigts en criaillant chaque fois que j'essaie de les libérer, ou de leur tordre le cou. Qui me détruisent à coups d'ailes, de serres, de bec, à la moindre impression de déjà-vu. Obligée de renoncer à chercher, à comprendre.

Et pourtant il y en a des sensations, des réminiscences. Presque-souvenirs qui affleurent à ras de la surface, presque à les toucher, mais non, jamais, jamais elle ne peut vraiment les atteindre, à chaque fois se lève le puissant froissement des ailes noires, le croassement horrible et victorieux qui fait fuir la mémoire comme une truite farouche, à peine un éclair d'argent sous l'onde. Et il y en a des peurs et des méfiances, qui n'ont aucun objet dont elle se souvienne. Et il y a les rêves, qu'elle ne retient jamais plus de quelques secondes. Des visages et des voix, des rires, des souffrances rouges, des cris. Mais rien ne reste. Rien. Tout part en fumée sous les coups de becs qui lui martèlent le front de l'intérieur, à la rendre malade.

Personne ne peut rien. Ils ont essayé... Ceux qui voient sa souffrance et qui s'en soucient. Mais ils ne peuvent rien pour elle. Et elle n'en peut plus de leurs regards désolés, regards qu'ils cachent parce que ça la fout en rogne, leur pitié, c'est idiot d'être aussi fier mais c'est comme ça...

Il faut qu'il y ait des réponses, quelque part. Il faut chercher. Au moins...

... au moins c'est un but.
La longue conversation avec le saurus, cet étrange ami de sa Dame, lui a au moins appris ça. Sur ce monde moribond, il lui faut un but.
Alors le Bien et le Mal, les Gentils et les Méchants, les Justes et tous ces pauvres pantins qui se gargarisent de leurs majuscules grandioses, elle qui porte un nom pris à une fleur pour remplacer celui qu'elle a oublié, elle a décidé qu'elle n'en aurait rien à foutre. Rien. Qu'ils jouent donc à qui a raison, à qui est le plus fort, à qui fait pipi le plus loin. Rien à foutre.
Il y aura ceux qu'elle connaît, pour lesquels elle juge bon de se battre, contre lesquels elle juge bon de se battre, suivant sa décision à elle, selon sa propre loi. Et cet unique objectif personnel.

Péter leur sale gueule à ces affreux emplumés qui se sont invités dans sa tête.

Peut-être qu'ici elle trouvera les réponses. C'est si grand, il doit y avoir une bibliothèque, ou un vieil elfe rabougri qui connaît le monde depuis sa naissance, ou des fresques sur les murs ou... n'importe quoi. N'importe quoi qui pourrait la faire avancer.

Et s'il n'y a rien, tant pis, elle pourra noter sur sa carte "lieu visité - rien à signaler" et aller voir plus loin.

C'est grand. C'est haut. Jusqu'où est-ce que ça monte au juste ?

Les pas s'enchaînent, mais la montagne est lointaine encore. Le soleil descend, alors elle presse l'allure, prend le trot, puis un petit galop confortable qu'elle peut tenir des heures durant, à présent, sans s'essouffler. Le poing serré sur le grand arc, elle fixe les portes qui grandissent devant elle. Le pli entre ses sourcils se creuse, et ses mâchoires sont aussi dures que ses épaules sont tendues. Elle déteste les forteresses.

Pourquoi ?

Coup de bec sournois, juste entre les deux yeux.

Laisse tomber, j'ai rien dit...

Mais elle fulmine, et le petit galop s'allonge, et le martèlement de ses pieds se change en grondement de tonnerre.

Au coucher du soleil, la centauresse blanche déboule devant les portes, la robe souillée de poussière changée en boue par sa propre sueur. Elle pile net, ses yeux jaunes rivés sur la ferraille qui orne et arme les vantaux géants, comme si c'était eux qu'elle déteste, contre eux qu'elle est en colère, à cause d'eux que ses dents sont serrées à s'en fêler.

Le souffle court et rauque, elle avance un pied après l'autre, la queue lui fouaillant les flancs à grands coups nerveux. Elle fixe les portes d'un regard saignant, comme on regarde un ennemi inattaquable, beaucoup trop puissant.

Et maintenant ?

Maintenant... Maintenant respirer, se reprendre. Il faudra demander, convaincre. La fureur sans objet n'a jamais convaincu personne, la colère sans but non plus. Respirer, fermer les yeux. Se souvenir que ce truc immense est juste un autre antique tas de pierre, que les ennemis sont à l'intérieur d'elle et qu'elle vient ici trouver le moyen d'en venir à bout. Alors du calme. Respirer. Calme...

D'autres pas, et elle est devant le bois bardé de fer. Pas de heurtoir, pas de cloche. Alors quoi ?

Elle se sent un peu ridicule, son petit poing levé, hésitant.
Froncement de sourcils. Allez.
Elle cogne. Trois fois.
Puis recule un peu quand même...

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Message  Xehlrox Dim 10 Fév - 17:12

La brume ne se levait pas. Elle était toujours présente en Asgard.
Cependant, les Walkyries n'avaient aucun mal à se repérer. Elles étaient chez elles, les guides des lieux, les gardiennes de la citadelle.

Ainsi, lorsque de timides bruits avaient rompu le silence des lieux, elles avaient pris leur envol en direction de la porte.

Nul doute que le visiteur avait de bonnes raisons de venir.
Car ici, on n'arrivait jamais par hasard. Et si l'on repartait, ce n'était jamais tel que l'on était venu.

Sans un mot, sans un bruit, les Walkyries se posèrent devant le visiteur. Elles prirent ses armes, sondèrent le fond de ses yeux, puis s'en allèrent.

Et dans un lourd bruit de raclement, les portes de la citadelle s'ouvrirent.

Et derrière, un chemin de pierre montait en direction du premier niveau.

Xehlrox avait vu les Walkyries s'envoler. Mais il ne voulait accueillir Nightshade les bras ouverts, ni même l'attendre derrière les lourds battants de la porte.

Il savait qu'elle avait un chemin à parcourir, que cela soit en ces lieux ou en elle même.

Ainsi, il saurait al retrouver pour la guider sur ce qu'il pouvait lui apporter.

Cependant, les premiers pas, c'était à elle de les faire.


Allez NightShade, nous avons tant à nous dire, c'est à toi de faire le premier pas maintenant dit-il à voix haute, comme pour encourager la centaure à monter dans la citadelle, mais sachant qu'elle ne l'entendrait pas.
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Message  NightShade Dim 10 Fév - 17:53

De quoi ? Prendre mon arc ? Non mais ça va pas la tête ? Je devrais me séparer de mon arc alors que je sais pas si que des fois oui bon d'accord on pousse pas...

C'est qu'elles savent ce qu'elles veulent, ces poules humanoïdes. Et dans le genre pas causantes... Mais soit.


La rôdeuse regarde s'éloigner son précieux arc aux mains des anges femelles au visage voilé. Il y a un peu d'anxiété dans son regard. Ces gardiennes l'ont fixée, et un moment dans leur immobilité rigide il y avait la même chose que dans le regard de pierre des statues du Royaume. Un jugement.

Est-ce qu'on cessera un jour de me peser comme un bout de viande ?

Mais la remarque intérieure sert davantage à tenter de se garder une sorte de contenance qu'à protester vraiment. C'est trop tard pour râler, du reste. Et c'est sans objet, parce que les portes s'ouvrent.

Un moment, la rôdeuse se fige, tendu, prêt s'il le faut à filer ventre à terre par le chemin auquel elle tourne le dos. Elle retient un pas en arrière, qu'elle aurait sûrement fait en cas de mouvements suspect dans la pénombre derrière les portes.
Mais il n'y a rien. Personne.

Bravo pour la chaleur de l'accueil. Même chez nous on fait mieux, c'est dire...

Elle fronce ses sourcils pâles, hésite un instant. Ce chemin désert, c'est... Déconcertant.

Bon. Trois possibilités.
De un, demi-tour, droite-gauche, retour à l'envoyeur, et j'ai perdu mon arc.
De deux, Rester là en attendant que les racines me poussent ou qu'il arrive quelqu'un, et parier sur ce qui arrivera en premier. En admettant que les portes restent ouvertes, ce qui n'est pas assuré.
De trois, avancer, monter, récupérer mon bien et chercher des réponses, dans cet ordre là ou dans un autre.
Facile...


Facile. Ses pieds cornés sonnent sur le roc, et leur écho lui revient comme elle franchit les portes. Un frisson lui dévale tout le long du dos. On la surveille, elle le sent, c'est presque physique. L'absence même de mouvement dénonce une forme de vigilance qu'elle perçoit instinctivement. Et elle déteste ça.

Apparemment, toutes directions, vers le haut. En route.

Et elle entame son ascension. En retenant de toutes ses forces le regards qu'elle aimerait jeter derrière elle.
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Message  Xehlrox Dim 10 Fév - 18:01

La porte se ferme, dans un raclement sourd.

Bruit métallique, bois qui se choque, et puis..
Plus rien

La citadelle se perd dans les murmures, le vent qui bruisse, les nuages qui frôlent, les cailloux qui dorment.

L'air frais mord légèrement le visage, comme pour rappeler qu'ici, on est encore vivant.

Mais là haut, qu'est-on? Conscience, esprit?

Les Walkyries ont rejoint les hauts de la montagne, elles ont déjà déposé les armes de NightShade. Et telle des gargouilles au visage angélique, elles attendent.

Xehlrox est maintenant assis, il sait vers quoi NightShade se dirige. Elle semble errer, et pourtant sont trajet est tout tracé en ces lieux. La quête de réponses, le besoin de comprendre. Un seul lieu peut l'aider dans ce périple.

Cependant, l'heure n'est pas encore venu pour elle et lui de se reparler. Elle a encore d'autres rencontres à faire.

Ainsi, l'orc profite simplement de la vue, et du fait de savoir que le meilleur de tout cela n'est pas encore arrivé.
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Message  NightShade Dim 10 Fév - 18:19

Rien.
Enfin rien d'utile.


NightShade soupire et repousse derrière son oreille une mèche vagabonde, laissant sur sa joue une traînée de poussière. Une de plus.

Un monceau de vieux livres et de rouleaux de parchemins encombre l'espace autour d'elle, sur deux tables, sur un siège (qu'elle n'utilise pas, morphologie centaurienne oblige), sur le sol. Le regard déçu, fatigué, rougi par des heures de lecture à la lueur trop faible de quelques chandelles, elle balaie des yeux le foutoir infernal qu'elle a semé dans la bibliothèque de la forteresse, à la grande horreur de l'archiviste qui va devoir ranger tout ça.

Le vieil elfe aux cheveux en toile d'araignée se tient non loin d'elle, son dernier chargement en date déposé sur une troisième table. Les lèvres pincées, il semble aussi réprobateur devant le manque d'ordre de sa visiteuse que devant sa propre incapacité à répondre à la question qu'elle lui a posée quand elle a fait irruption dans le calme recueilli de la grande bibliothèque déserte. Un peu d'animation pour changer un peu des longues heures d'études contemplatives, voilà qui l'a d'abord enthousiasmé, en plus de l'envie réelle et sincère de lui venir en aide, à la jeune rôdeuse, et ce malgré son abord à la fois emprunté et abrupt. Mais les heures passant, les réponses tardant à venir, l'un comme l'autre se désolent...

- Il y a bien ce vieux traité d'ornithologie mais je ne crois pas que...

- Non... laissez tomber l'ornithologie. Merci mais je crois que ce n'est pas dans les sciences exactes que je trouverai.

Le vieux bibliothécaire hausse les épaules.

- Nous avons essayé les mythes et légendes, les traditions d'une douzaine de contrées, les recueils de poésie et de chansons... Es-tu certaine que la science n'aidera pas ?

NightShade lève le nez, fatiguée. Soupire, encore. Elle a les bras lourd et le coeur assorti.

- Je ne suis sûre de rien... Après tout, pourquoi pas l'ornithologie... Peut-être que j'y apprendrai ce qui leur fout vraiment la frousse, à ces sales bêtes...

L'elfe sourit, un sourire un peu raide mais compatissant. Et il s'éloigne vers les entrailles sombres de la bibliothèque à la recherche de l'ouvrage en question, tandis que la centauresse se penche sur le premier des documents qu'il vient d'apporter. Une prière vieille de plusieurs siècles, qui parle d'oiseaux.

Encore une... Peut-être la seule chose qui ait un peu de sens dans tout ça...
Les oiseaux, les guides pour les âmes des morts...
Les âmes des morts...


Sourcils froncés, immobile, elle lit. Dans le silence à peine troublé par les pas lointains du vieil elfe, elle murmure les mots de l'antique prière, concentrée, toute entière immergée dans la musique des mots anciens aux rythmes lancinants, hypnotiques. La lueur dorée des chandelles l'enveloppe, bulle de lumière dans un océan de ténèbres.
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Message  Xehlrox Mar 12 Fév - 10:37

Kof kof

Xehlrox ne put retenir un toussotement devant toute la poussière qui voletait ça et là dans la bibliothèque.

Mais qu'est-ce qu'elle est en train de fairepensa-t-il A ce rythme, on ne retrouvera jamais la sortie.

Il avança dans les travées de la bibliothèques, à la recherche de l'endroit le plus poussiéreux, certainement là où se trouvait son invitée.

Il la trouva enfin, elle avait la tête rivée sur des pages de parchemin à moitié jaunies par le temps?
Mais son air grave laissait à penser qu'elle n'était pas venue pour le plaisir.

De toute manière, on ne venait pas en Asgard par pur plaisir.

Elle était de dos.

Il l'avait rencontrée il y a quelques temps déjà.

Cependant, c'est lorsqu'il vit son visage qu'il comprit que quelque chose s'était tramé entre temps.

D'obscurs pensées avaient assombri ses yeux, ses traits, et il ne put échapper que...

NightShade..

Tu.. as... tant changé par rapport à notre dernière rencontre..


Il aurait préféré une arrivée plus charismatique, pleine de symboles, et de belles phrases témoignant de la joie de la revoir, mais il était tant pris par la surprise qu'il avait rapidement laissé tout ça de côté.

Je suis ravi de t'accueillir dans la citadelle qui m'a accueilli. mais...

Son regard était plein de questionnement, dévisageant celle qui était en face de lui.

Je crois comprendre que ce n'est pas la courtoisie qui t'amène ici.
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Message  NightShade Mar 12 Fév - 17:56

Elle n'a pas vu les flammes des chandelles s'affoler dans le courant d'air, ni senti elle-même ledit courant d'air. Trop concentrée pour ça.

Les oiseaux d'Odin... Hugin et Munin...Pensée et mémoire...
Pensée et mémoire...
Mémoire...


- NightShade...

Sursaut, envolée de parchemins, grands yeux effarés.

Orc. J'le connais. C'est, c'est, c'est, Xehlrox. Oui. Voilà.
Mais qu'est-ce qu'il fiche ici ?


Et comme l'orc ne s'en tient pas là, la réponse vient d'elle-même.

Ah. Il habite ici. Et moi grande cruche je le savais même pas.
... en même temps j'arrive même pas à y croire qu'il y a des gens qui vivent ici sans y être obligés.


Sourire nerveux.

- Je crois comprendre que ce n'est pas la courtoisie qui t'amène ici.

Aaaaaah ben euh... en fait sisisi, on m'a dit que t'avais posé des valises dans cette forteresse et je suis v'nue voir si t'étais bien installé et... et...

- Aaaah ben euh... hum. Non. En fait...

Elle fourrage dans ses tifs en désordre, d'un geste plein d'embarras.

- Je... je savais pas que t'étais ici en fait. Ca fait un bail depuis qu'on campait sur les planchers du Blob...

Un vague sourire, embarrassé lui aussi. Ca fait toujours bizarre de retomber sur une "vieille connaissance" (notion toute relative en ce qui la concerne, évidemment... rien n'est plus vieux que quelques semaines dans sa pauvre mémoire...) dont on a complètement oublié de garder la trace.

C'est pas ma faute, c'était le foutoir dans ma vie, et j'avais tant de choses à apprendre et...
...et...
... ouais bon d'accord j'aurais pu au moins me renseigner.


- Tu... ça fait longtemps que... hum... Euh, t'es installé ici depuis longtemps ? Je connaissais pas cet endroit, c'est un vieux type qui me l'a indiqué, il m'avait dit que c'était presque désert et... hum... et euh...

Elle détourne les yeux vers la paperasse éparpillée tout autour d'elle. De nouveau ce geste nerveux pour repousser une mèche poussiéreuse. Rougeur. Mâchouillage de lèvre inférieure.

- Euh... je... cherchais... des trucs.

Remarquable.
T'es une oratrice, y'a pas à dire.
Pfffff...
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Message  Xehlrox Mer 13 Fév - 13:31

Euh..

Légèrement décontenancé par la réaction de la centaure, Xehlrox haussa les sourcils, un léger sourire en coin (ce qui, on en conviendra, était suffisamment rare pour être signalé.

Bon, je sais que ça fait un certain temps qu'on ne s'est pas vus, mais c'est sûrement le dernier endroit où je pensais te trouver.

Les livres sont devenus plus importants que la chasse, ou bien cherches-tu quelque chose ici qui justifie une telle quête?

Peut-être puis-je t'aider?


En ce sens, Xehlrox était heureux de revoir NightShade, il espérait pouvoir l'aider, car il sentait malgré tout que quelque chose ne tournait pas totalement rond. Ovale, peut être, écliptique même, mais pas rond.

Il trifouilla un peu le bazar qui avait empli les lieux.

Ce sont des animaux magiques que tu cherches?
Quelque chose de réel,d'imaginaire?


Soudain il s'approcha d'elle, mettant son visage à quelque centimètres du sien.

Ou alors quelque chose de....
Mystique, hm?


Il éclata d'un rire franc.
Enfin un peu de compagnie.
Enfin un peu d'animation.
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Message  NightShade Mer 13 Fév - 14:43

Mère-Grand comme vous avez de grandes dents...

- ...

La centauresse écarquille un peu les yeux, le sourire contraint. Sa cervelle tourne à plein régime pour trouver une réponse qui soit à la fois pas trop détaillée, pas trop fausse et que ça ne se remarque pas trop non plus. Et que ça n'attende pas deux ans avant de sortir. Un paquet de contraintes, ça. De quoi bloquer le ciboulot de moins déglingué qu'elle.

C'est pas qu'elle lui fait pas confiance. Si elle devait parler de son problème à une poignée de personnes, il serait du nombre. Mais elle aime pas en parler. C'est instinctif. Viscéral. Ca lui fout la frousse, terrible. Si ça venait à tomber dans les oreilles des mauvaises personnes, ce qui lui arrive, ce serait catastrophique. Tant qu'elle garde ça strictement pour elle, elle maîtrise totalement le risque. Chaque confident qu'elle prendrait augmenterait le risque. Et pour l'instant, c'est toujours inacceptable. Le vieil elfe a entendu une histoire qui parlait d'une cousine qui faisait des cauchemars... C'est ce qu'elle sert à tous ceux qu'elle consulte. Mais Xelhrox n'est pas juste une personne à qui elle demande une aide ponctuelle. C'est... c'est Xehlrox. Cette salade-là, il aura vite compris que c'est de la salade, parce qu'il sait déjà qu'elle n'a aucune famille sur les Terres d'Argent.

Le voir trifouiller dans la paperasse est déjà assez crispant, alors qu'elle est là à se demander quoi répondre et à remercier elle ne sait quelle déité obscure qu'il continue à parler sans attendre, vu qu'elle saurait pas du tout quoi lui dire à cet instant. C'est crispant aussi, d'une autre manière, de le voir s'approcher brusquement, et emplir son champs de vision avec sa large face à la peau verte, ses grands yeux trop curieux. Et ses dents immenses, largement découvertes sur le rire.

C'est impressionnant des dents d'orc. Surtout de près. En plus il les a particulièrement grandes, Xehlrox. Bien plus que... que...

... que ?...


Un visage à peine esquissé dans son esprit, et c'est la tempête. Ca s'envole d'un seul coup, immense froissement coléreux de plumes agitées, croassements furieux. Coups, griffes. A l'intérieur du front.

L'instant d'après elle est tombée sur les dalles, le corps raidi en arc et les yeux révulsés, se tenant les tempes à deux mains. Le cri était étranglé, faible. Couinement de chiot étranglé.
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Message  Xehlrox Mer 13 Fév - 18:47

N.....

L'orc se jette à terre, et attrape la tête de NightShade, secouée de saccades, les yeux dans le vide, le corps bougeant de manière frénétique.

Night!...!

La fraction de seconde qui suit, il tente de la rabattre vers lui, mais le corps de la centaure refuse obstinément de suivre ce mouvement.

Mais? Qu...?

Bougre d'âne, réfléchit, elle est en train de partir là, fais quelque chose.

Son cerveau fourmille, ses yeux tentent de trouver une idée, là, quelque part. Son esprit est inondé d'informations contradictoires. Son regard balaie toute la salle de manière désordonnée.

Désolé Night, on se connait pas encore énormément mais..

Il saisit cette dernière, un peu décontenancé par le corps de centaure qu'il doit soulever, et finit par la poser sur ses bras qui, gonflés par l'adrénaline de l'urgence, ne refusent pas le poids qui leur est imposé.

Quelques secondes plus tard, il est déjà dehors.

Et pourquoi j'ai pas choisi d'être prêtre hein..


Direction la fontaine, allez, tiens le coup toi pendant ce temps.

Sans même s'en être vraiment rendu compte, il court sur le chemin pierreux, quelques gouttes perlant déjà sur son front.

La fontaine, allez..

Son coeur tambourine sur sa poitrine, aussi rapidement que ses pas qui projettent ça et là des gravillons, rompant avec bruit le calme de la citadelle.

Par deux fois il manque de tomber sur un mauvais appui.

Bon sang de satané fontaine de... Allez!

Arrivé en vue de la place centrale, il jette ses dernières forces dans les quelque mètres qui le séparent encore du bassin.

La centaure tremble de tout son corps.

Allez...

Arrivé enfin près du bassin, il plonge ses immenses main dans l'eau froide de la fontaine d'Asgard, dont les inscriptions runiques révèlent une force cachée à la source même de l'eau qui y coule.

Allez reviens, je n'ai rien de mgique en moi, je ne peux pas t'aider autrement...

Il asperge le front de NightShade, une fois, deux fois..

Et...
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Message  NightShade Mer 13 Fév - 18:54

C'est une histoire de quelques secondes, le plus souvent. La phase aiguë, en tout cas. Quelques secondes qui durent deux ou trois siècles pour elle, tellement elles font mal. Des coups à l'intérieur de la tête, du rouge derrière les yeux, qui coule épais et sombre, la douleur qui fuse, chaque choc plus insupportable que le précédent.
Ensuite, normalement, ça se calme.
Normalement.

Bon, il faut croire que cette fois c'est particulièrement féroce. Peut-être que le déclencheur était plus dangereux, peut-être que les corbeaux ont été pris par surprise, qu'ils ont réagi trop fort. Ces quelques instants de convulsions, puis cette demi-inconscience pantelante, le corps lourd et mou comme du chiffon mouillé, agité de spasmes soudains, ça a du arriver deux ou trois fois au plus depuis qu'elle s'est levée de la dalle moussue.

La fois où elle a trouvé cette petite porte ouvrant dans le grand hall du Royaume, et la pièce derrière, avec la cheminée poussiéreuse.

La fois où elle s'est trouvée près de cet arbuste, non loin des portes de la capitale, à une heure bien particulière où les rayons du soleil frappaient les falaises ocre.

La fois où elle a senti une patte féline s'introduire dans sa sacoche de gauche et que la flèche a jailli en riposte avant même qu'elle ait le temps de penser.

Trois fois, oui. Les autres, et il y en a eu chaque jour, étaient douloureuses mais moins violentes, nettement moins. Celle-ci... c'est un record. Un triste record.

Quelques secondes, elle ne sent pas vraiment sa tête ballotter au rythme précipité des pas de Xehlrox. Elle ressent à peine l'air du dehors, plus frais, plus vif. Elle est aux trois quarts dans les vapes, le souffle coupé et les pensées absentes, juste prise par la seule et insurmontable nécessité de respirer, de vivre. A cet instant plein de rouge hurlant et d'éclairs de souffrance, plus rien ne compte que respirer, respirer. Tenir et attendre que ça passe. Parce que ça passe toujours.

Et dans cette guerre furieuse avec ce qui s'agite dans sa tête, elle perd son presque-souvenir. Il était si proche pourtant.

Des secondes. Cinq peut-être avant que Xehlrox décide de se charger de son corps qui redevient inerte, secoué de loin en loin par une vibration puissante mais fugace. Ce corps heureusement petit, pour un centaure. Tous les siens la regardent en baissant les yeux, si elle dépasse 250 kilos c'est tout juste. Charge énorme cependant, qu'un humain n'aurait jamais pu déplacer. Oui mais voilà, un orc, c'est pas un humain. Et le déplacement est bref.
N'empêche, heureusement qu'il a le dos solide.
Et même comme ça, il aura sûrement mal un peu partout, demain...

Le rouge vire au noir et elle rôde aux frontières de l'inconscience. Du flou cotonneux, bienfaisant, qui se tasse autour des pulsations horribles qui battent dans sa tête, qui enveloppe la souffrance, l'atténue, la gomme. La rend supportable, le temps qu'elle s'atténue. Ca, ça peut durer plus longtemps, par exemple. La fois de l'arbuste, elle est restée étalée dans l'herbe plus de trois heures. Une chance qu'aucun cinglé d'assassin comme il en court des cohortes sur ces terres n'ait pas choisi ce coin-là pour sa promenade du soir, ou son compte était bon... Trois bonnes heures, et ensuite elle s'est relevée en geignant, s'est traînée jusqu'au ruisseau le plus proche, le crâne à la torture, la nausée au bord des lèvres.

Quinze secondes de plus. Allez, vingt secondes avant que Xehlrox parvienne à la fontaine, son fardeau sur les bras, fardeau qui le déborde de tous côtés, double traînée blanche, une crinière de cheveux d'un côté, une longue queue de l'autre. Un corps trop long, au poids mal réparti, avec des membres en peu partout, qui se laissent aller et accrochent les chambranles de porte, les murets, les rambardes, les pierres du chemin. Sans compter qu'il était chargé, ce corps, de plusieurs sacoches dont certaines sont tombées, d'autres se sont ouvertes et ont semé leur contenu... Un beau foutoir, en résumé.

Des dalles sous ses épaules, sous sa tête. On l'a déposée au sol.
Puis l'eau.
Froide.

- ...hhh...

Inspiration puissante, réflexe. Elle se tend les yeux grands ouverts, avec un mouvement désordonné des bras, comme pour se protéger. Hoquète, frissonne. Cligne des paupières.

Je... que.... qui...
... ooooohhh j'ai mal...


Geignement, fermeture des yeux, froncement des sourcils, crispation du visage. Elle roule sur les genoux, se hausse maladroitement vers le rebord de la fontaine.
Et elle y plonge la tête, comme ça, sans prévenir.
Auréole de cheveux qui se déploient dans l'eau, tentacules paresseux.
Un long instant immobile.

Elle se redresse, sort de l'eau son visage trempé, balaie du bras ses tifs mouillés qui voudraient lui faire un masque et les repousse sur une épaule, ruisselants. Elle respire profondément, une expression tendue sur les traits, les yeux brumeux. Relève le nez vers l'orc.

- ... Xehl... y... y s'est passé quoi ?...

Puis sa cervelle redémarre, difficilement. Froncement de sourcils, grimace.

- J'ai encore piqué ma crise, c'est ça ?...

Et évidemment que c'est ça. Quoi d'autre ?
Elle est blême, encore plus pâle que d'habitude alors qu'elle n'est déjà pas le genre coloré. Ses cils collés et ses cheveux pleins d'eau lui font un air des plus piteux. Avec les yeux qui se défilent, ça fait vraiment mauvais effet.

Puis elle réalise ce qu'elle vient de dire, et c'est là qu'elle se dit qu'elle vient de se griller. Du coup elle devient vraiment toute blanche.
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Message  Xehlrox Mer 13 Fév - 20:25

l'orc tombe à genoux, avalant difficilement sa salive, brûlant son gosier asséché par l'effort.

La respiration rapide, profonde, il met un coude contre la fontaine pour ne pas tomber.

Toi...

Il renonce à continuer sa phrase, sentant qu'elle lui demanderait trop de souffle pour le peu qu'il peut fournir.

Toi, tu...

Prends ton temps, sinon tu vas tourner de l'oeil...

...tu vas devoir m'expliquer un ou deux truc.

Il expire profondément, sentant ses bras qui protestent déjà de l'effort qu'ils ont eu à supporter.
Ses muscles tirent, comme s'ils avaient gagné quelques centimètres dans le périple.

La prochaine fois je te jette entière dans la fotnaine...

Il esquisse un léger sourire, cependant son esprit ne tend pas à rire.

Sans le savoir, NightShade avait introduit un mal dans la citadelle d'Asgard, lieu des âmes immortelles et du repos.
A la seconde même où la centaure avait chu sur le sol, quelque chose dans l'esprit de Xehlrox l'avait mis en garde.

On entrait difficilement en Asgard, monde entre le réel et l'imaginaire.
Le mal n'y avait pas sa place. Et en ce point il avait une responsabilité.

Il avait donc besoin d'explications.

Et maintenant, sans vraiment que les deux protagonistes le sachent, ils étaient liés. Car il existait en Asgard des gardiens qui, eux, ne transigeaient pas avec le mal.
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Message  NightShade Mer 13 Fév - 20:46

Marrant, il vire à l'orange.

De fait, l'effort lui fait changer de palette, à Xehlrox. Les peaux roses, c'est plutôt brique, mais les orcs, apparemment, ça donne un intermédiaire indéfini entre orange et glauque, non uniformément réparti. Plutôt flippant. Mais bon, on lui pardonne. Après tout, il vient de trimbaler plus de deux tonnes et demi de centaure sur plusieurs dizaines de mètres. Quand vous arriverez à faire de même sans vous éjecter les yeux de la tête, on en reparlera, de la couleur.

NightShade n'y voit pas très clairement, mais elle voit quand même ça, oui, ainsi que les tremblements de fatigue du grand corps bâti comme un arbre, de même qu'elle peut difficilement louper les difficultés de paroles dues à l'essouflement. Mais l'essentiel de son esprit, du moins ce qui consent à fonctionner, et occupé à autre chose.
Construire le mensonge le plus plausible.
Et ça, avec la tête comme un tableau noir qu'on grifferait au gantelet, c'est franchement pas simple.

Le coup de la cousine et des cauchemars racontés au vieil elfe, c'est évidemment exclu. Pire, ça pèsera dans la balance côté doute. Menteur une fois, menteur toujours. Mais elle a pas le choix.

Si seulement j'arrivais à penser...

Mais à cet instant, c'est tout juste si elle arrive à se retenir de geindre. Penser, peut-être plus tard. Là non, elle y arrivera pas, elle va dire une connerie et ça va tout flanquer par terre. Trop mal.

Trop mal... oui. Après tout c'est une bonne raison.

Gagner du temps.

La prochaine fois je te jette entière dans la fontaine...

- Bonne idée... si j'avais pu j'aurais plongé toute seule...

Même parler, ça fait mal. Elle grogne en se tenant le front. Frissonne. Fait froid, et ses cheveux lui trempent le dos et l'épaule. Elle tâtonne à son côté, vers le sac qui s'est ouvert pendant le déplacement chaotique depuis la bibliothèque. Et évidemment, le flacon n'est plus là. Geignement d'angoisse et de souffrance. Elle cherche des yeux, blessée par la lumière pourtant pas plus brillante que ça, et le repère, plus haut, à quelques mètres.

Se lever, c'est même pas la peine d'y songer. Se traîner, oui, peut-être. Elle essaie, mais déclare forfait au premier effort, quand ça explose rouge derrière ses yeux. Autre grognement. Rouvre des yeux hagards, sur Xehlrox.

- Là... la fiole bleue. Tu peux ?... S'il te plaît c'est trop loin pour moi.

Et qu'est-ce qu'elle déteste être cette loque misérable complètement dépendante du bon vouloir d'autrui.
Mais même la colère, ça cogne dans la tête, ça fait mal...
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Message  Xehlrox Mer 13 Fév - 20:53

Xehlrox regarde la centaure, gisant à moitié sur le sol.
La situation devenant complexe, difficile à expliquer.
Ses yeux parcourent la scène, de manière presque extérieure.

Son cerveau cherche des réponses, des explications plausibles, les liens manquants à ce gros amas de questions.

Pourquoi était-elle là? Pourquoi cette crise suodaine?

Et surtout, cette fiole bleue trainant sur le sol rocailleux, pourquoi? Qu'y avait-il à l'intérieur?

- Là... la fiole bleue. Tu peux ?... S'il te plaît c'est trop loin pour moi.

Apparemment plus qu'une simple gourde, ça c'est sûr.

Apparemment plus qu'un simple évanouissement.

Et là dessus, Xehlrox eut du mal à avaler sa salive, car ils avait que ce n'était qu'une question de temps.

Tu.... es venue pour quoi exactement ici?
Tu n'ignores pas ce que ces lieux représentent?
Et que ce serait une folie d'y amener toute ombre de maléfice, ou d'obscurité.
Je n'ai ici qu'une légitimité toute contestée, qui ne me confère aucun droit de décision, aucun pouvoir autre que le passage qui t'a été accordé.



Une ombre passe, obscurcissant une fraction de seconde le pâle soleil brumeux.

Xehlrox n'ose pas relever la tête.

Il saisit la fiole et l'envoie prestement vers NightShade.

Je.... crains.. que nous n'ayons à recouvrer nos forces rapidement...

Une deuxième ombre passe.

Quoi qu'il y ait dans cette fiole, j'espère qu'elle te redonnera rapidement de quoi me suivre.

Un trio d'ombre, bruissant comme un feuillage, tourbillonne au dessus d'eux.

Night... dis moi que tu peux courir..

Son regard presque implorant en dis long sur ce qu'il semble redouter.



Bruit de corde qui se tend.

Bruit de bois qui se tord.

Une flèche armée sur un arc.

Et 5 walkyries qui mettent la centaure en joue.
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Message  NightShade Mer 13 Fév - 21:03

Wooooooow... c'est quoi cette histoire ?

D'abord l'orc qui l'assiège de questions bizarres. Elle aurait compris sans peine "qu'est-ce qui t'arrive" ou bien "c'était quoi ce malaise exactement" ou toute autre chose du style. Normal. Même lui demander ce qu'elle est venue chercher, à la limite ça peut se tenir.

Tu n'ignores pas ce que ces lieux représentent?
Et que ce serait une folie d'y amener toute ombre de maléfice, ou d'obscurité.


J'ignore tout de ces lieux. Je n'ai pas la moindre idée de ce qu'ils représentent. Au fait, qui tu traites de maléfice, au juste ?

Elle n'a même pas le temps de dire ça, il semblerait que ça s'agite au-dessus. La fiole lui arrive entre les mains, et malheureusement il n'y a rien là-dedans qui lui permette les prouesses physiques que Xehlrox semble attendre. C'est juste une potion contre la migraine.

Courir ? Non mais tu délires, là. Je sais même pas si je tiendrais debout.

Et ça non plus elle n'a pas le temps de le dire. Cinq petites promesses de mort se braquent sur elle.

- Ah. Super.

Non mais elle a déjà été dans une situation plus navrante. Sûrement. A un moment donné. Sauf qu'elle ne s'en souvient pas, évidemment. Hahaha. La bonne blague.

- Désolée mais non, je peux pas courir.

Et tu serais gentil de dire à tes femmes-poulets de rengainer leurs pics à brochettes, je suis pas bonne à manger.

Encore une fois, pas le temps de dire le fond de sa pensée, même si ça la démange. Eh oui. De la douleur vissée dans la tête et du mou dans les jambes, ça n'empêche pas la moutarde de monter. Et chez NightShade, ça a tendance à monter plutôt vite. Aspect négatif, ça amplifie le mal de crâne. Aspect positif, ça requinque.

Mais pas assez, et pas assez vite.
La suite, ça prend sans doute une poignée de secondes au plus. Elle n'en perçoit que de la confusion, de la douleur, et toujours cette bouillonnante colère qui augmente avec une régularité alarmante. Une grande ombre s'interpose entre elle et les walkyries, et un choc puissant l'envoie rouler derrière la fontaine, juste comme deux flèches s'abattent sur l'espace qu'elle occupait. Autre choc, la masse de l'orc qui vient la heurter de plein fouet. Pas le temps de réaliser ce qui vient de se passer, il la saisit à bras-le-corps et la hisse sur ses pieds. Oui mais voilà, c'était pas de la blague quand elle disait qu'elle ne pourrait pas courir. L'instinct lui fait bloquer les jambes, et une vigoureuse poussée la propulse vers une porte ouverte. Sans réfléchir, elle tente le coup. Un pas oui, deux pas, non. Ses genoux frappent le sol, la souffrance fuse jusque dans sa tête déjà à la torture. Autre poussée, rude, la poigne frénétique de Xehlrox la relève de force et lui déboîte à moitié l'épaule, un bras dur comme une branche de chêne s'enroule brutalement autour de sa taille et l'entraîne en avant. Trébuchante, elle s'effondre sur les dalles, juste comme la porte claque derrière eux.

Tchoc tchoc tchac.

Les flèches, dehors, se plantent dans le bois. Ca rigole pas là derrière.
Et pour tout dire, ça rigole pas dedans non plus.

La rôdeuse voit trouble, des voiles rouge et noir lui balaient la vision, des éclairs sombres dans sa tête la mettent au supplice, la nausée lui roule dans l'estomac. En temps normal elle s'allongerait les yeux fermés, attendrait sagement que ça passe, même au milieu d'un village ou sur le bord d'une route, et advienne que pourra.
Là, non.
Elle est en rogne.
La voix essoufflée et pleine d'échardes, elle plante sur l'orc qui vient de sauver sa peau un regard étincelant de fureur.

- Bien, alors on va faire bref. Je ne connais pas cet endroit, on m'a juste dit que c'était un ancien lieu de savoir. J'y suis venue pour trouver des livres. Maintenant puisque ta volaille est allergique aux migraineux, j'adorerais qu'on m'explique pourquoi elles m'ont laissée entrer. Parce que je ne crois pas avoir tellement changé au cours des quelques dernières heures. Alors si je leur pose un problème, plutôt que de me clouer dans la cour, fallait laisser les portes fermées, j'aurais pas amené l'ignominie de ma présence au milieu de tant de pureté.

Sarcasme, très lourd. Les mots claquent dans l'air.
Les yeux levés, elle fixe de son regard fulminant le visage de Xehlrox, sans que la colère qui la fait trembler ne décroisse d'un iota.

- Mais finalement j'ai trouvé des éléments de réponses. On dirait bien que je porte un maléfice. Dommage que j'apprenne ça juste avant de n'en avoir plus rien à foutre de le savoir. Ca leur est venu à l'esprit que zigouiller la victime c'était peut-être un peu extrême ? Non ? En même temps une poule c'est pas vraiment connu pour sa sagacité.

Oooooh oui elle est en rogne. Ca respire vite et ça se colore aux pommettes et ça brille dans les yeux. Furax. Dégoûtée, aussi.

Mais le silence en face est déconcertant. Il est censé répondre à sa colère, se mettre à gronder aussi, élever la voix, défendre ses gardiennes. Mais en fait il se tient presque immobile, et son souffle est lourd. C'est là seulement qu'elle remarque sa pâleur, dans l'éclairage chiche des quelques lanternes. Et de là qu'elle remarque l'empennage qui pointe au-dessus de ton épaule.

- (gros mot)... t'es blessé.

La colère s'écoule hors d'elle comme des gouttes de mercure, sans rien laisser derrière elle. Elle tente de se lever, échoue, jure, réessaie et avance jusqu'à l'orc en s'appuyant au mur.

- Montre.

Un seul mot brusque. Yeux écarquillés, frayeur qui apparaît finalement, à retardement. C'était pas pour de rire, elles ont vraiment cherché à la tuer. Et c'est lui qui a pris à sa place. Saletés de volatiles.

Elle farfouille dans celle de ses deux besaces qui n'a pas déversé son contenu sur le sol. Pansements, herbes. Une pince et un petit couteau de métal dans un étui de peau brute.

- Allez.

Pour réparer. Réparer les mots aussi. Si possible.
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Message  Xehlrox Mer 1 Mai - 20:55

Respirer, respirer..

De longues gouttes de sueur froide dévalent le dos de Xehlrox. Il ne saurait dire s'il a chaud, froid. Si son sang circule encore.

Les yeux mis clos, il regarde son corps affalé sur le sol, gisant de manière désordonnée. Sa tête est emplie d'informations contradictoires. Ses yeux distinguent une tâche de sang sous lui, mais il ne sent rien. A vrai dire, il regarde tout cela d'un air extérieur. Il sent juste son cœur qui bat. Vite. Trop vite.

- Montre.

Il entend les mots de NS, se rappelant alors ce qui vient de se nouer.

Elles ont tiré, sans ménagement.
Il ne pensait pas qu'elles en arriveraient là. Mais on ne tergiversait pas en Asgard. Le mal y est exclu, depuis toujours. Ici on fait voyager des âmes, des être purs cherchant le repos. Toute forme de maux, de maléfice, de magie noire ne peut y entrer.

Mais alors pourquoi avaient-ils laissé entrer NS? Ne l'avaient-il pas senti? Ce mal était-il trop enfoui, trop profond et trop ancré dans l'esprit de NS pour que même les Walkyries ne puissent le sentir?

Xehlrox sentit les mains de la centaure qui faisaient revenir peu à peu la chaleur et l'énergie de son corps.
Pansement, herbes, il avait droit à la totale. Il aurait aimé trouver quelque chose à dire, un remerciement, un petit clin d’œil, mais rien ne sorti de sa bouche.
Il profita simplement de l'instant. A trop côtoyer les immortels, on en oublie le contact des mortels.




Quelques instants passèrent, l'orc recouvrait ses forces petit à petit. Suffisamment en tout cas pour ouvrir la bouche.


Elles ont tiré... Je ne pensais aps qu'elles le feraient, mais je le redoutais.
Au moment même où je t'ai vue à terre dans la bibliothèque, j'ai compris qu'on risquait un sacré coup de bâton..
Écoute, je pense que maintenant, quoi que l'on fasse, on a un intérêt commun toi et moi. Je ne sais pas exactement ce que tu cherches, mais j'ai l'impression que ça a un rapport étroit avec la salve de flèches qu'on a reçue de la part des Walkyries. Il y a un truc en toi qui est suffisamment noir et puissant pour qu'elles nous tirent comme des lapins.
Si tu es venue jusqu'ici pour savoir ce que c'est, et que ça m'a valu une flèche dans le dos, je veux savoir ce que c'est aussi. Et si possible t'aider. De toute manière, là, je n'ai pas le choix. Et toi non plus.


Il fixait la centaure, dans les yeux, essayant de percer à travers ses yeux. Quelque part, derrière ces pupilles noire, il y avait la réponse.

Quel est ce mal qui habite tes pensées?
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Message  NightShade Mer 1 Mai - 22:01

Elles ne l'ont pas raté, ces saloperies. La flèche est profondément enfoncée. Ca saigne. Beaucoup. Beaucoup trop.

Et ça pissera encore plus quand je lui arracherai ça. Si j'y arrive sans aggraver les choses.
Bon... un peu de magie pour préparer le terrain.


Et en serrant les dents pour refouler la migraine qui lui poinçonne la cervelle, elle se concentre sur l'épaule de l'orc, murmure les mots qui soignent, tout en sortant d'un pot de terre un baume anesthésiant. L'hémorragie se calme un peu, la flèche frémit sous la pression des chairs qui se referment.

Pas plus. Sinon il guérira autour d'elle et ça deviendra impossible de la lui enlever. Et malgré sa passion pour les machins à z'ailes, ça m'étonnerait qu'il ait envie de se retrouver avec des plumes dans le dos...

Xehlrox semble se détendre sous ses mains, tant mieux. Impossible de faire ce qu'elle s'apprête à faire quand les muscles sont durs et noués. Il soupire, même, mais elle doute qu'il s'en soit rendu compte. Elle le regarde de côté, il a les yeux un peu vitreux, l'expression presque abasourdie. Et ses premiers mots, prononcés d'une voix sourde, confirment ce que disent ses traits. Il n'y croyait pas. Mais elles ont tiré quand même.

La voix de Xehlrox s'affermit tandis qu'il continue à parler, et NightShade se garde bien de l'interrompre, occupée qu'elle est à faire rentrer le baume qui engourdira son épaule, tout en épongeant le sang. Elle l'écoute parler de quelque chose de noir et puissant, suffisamment pour alerter les harpies, là-dehors, mais assez discret pour qu'elles ne l'aient pas senti tout de suite.

Puis il commence à exiger et c'est là qu'elle se crispe.

Tu veux savoir ? J'ai pas le choix ?

Elle fronce les sourcils, la rôdeuse, et ça lui accentue le mal de tête, et donc la grogne. Qui finalement n'était pas bien loin. Pourtant elle continue à faire courir ses doigts autour de la hampe de la flèche. Même quand l'orc tourne vers elle son grand visage bien trop proche et lui balance sa question.

Quel est ce mal qui habite tes pensées?

Elle se raidit, se redresse. Au lieu de hausser un menton dédaigneux, elle baisse le front, au contraire, comme une bête à cornes qui se préparerait à charger. Et de fait, il ne manquerait que les cornes pour qu'elle ait presque l'air vraiment menaçante.

- Et pourquoi tu crois que je fouille dans les vieux papiers, si c'est pas pour essayer de le découvrir, gros malin ? Tu crois que ça m'amuse de me taper des vapeurs au moindre pet de mouche ou pépiement d'oiseau ? Tu crois que ça me pourrit pas l'existence de ne rien savoir qui date de plus de deux mois, à part marcher et parler, sans savoir où et comment j'ai appris ? De constater tous les jours qu'il n'y a que des trous dans ma foutue tête ?

Du mal dans mes pensées ? Ah mais j'adorerais qu'il soit dans mes pensées, ouais ! Ca voudrait dire que je le connais et que je le maîtrise. Tandis que là, dans mes pensées, à part l'envie de comprendre pour pouvoir m'en débarrasser, ou même de m'en débarrasser sans y avoir rien compris pour autant que j'en sois quitte, y'a rien. Que ces saletés d'oiseaux noirs. C'est tout. Alors tu m'épargnes tes gros yeux genre "je sais que tu me caches quelque chose, accouche". J'ai rien à accoucher, t'as vu tout ce qu'il y avait à voir.


Et profitant qu'il pense carrément à autre chose, elle referme la main sur le bois, et tire d'un grand coup sec. Ca fait un petit schlork presque discret. Evidemment, le sang se remet à couler en fleuve, et l'orc qui avait repris quelques couleurs (verdâtres) repasse à un blafard de très mauvais aloi. NightShade reprend donc, la voix plus grognon qu'acerbe :

- Maintenant tu ferais bien de rester tranquille deux minutes sinon tu vas tomber dans les pommes. Parce comme tu l'as dit, je vais avoir besoin de ton aide. Et crois pas que ça m'amuse.

On n'en aurait pas douté un seul instant...
La mine butée, elle presse un chiffon propre sur la plaie, ronchonnant à nouveau son incantation, la petite magie banale de guérison pour parer au plus pressé. Concentrée sur la blessure, elle essaie d'oublier la migraine. Et la lourdeur étrange de son coeur.
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Message  Xehlrox Jeu 2 Mai - 11:47

Mgrll...

L'orc sent une vague de froid qui parcourt son échine, un mélange piquant de douleur et du surplus d'informations qui envahissait sa tête.

Car si l'on s'en référait aux normes du rapport tête corps, Xehlrox était déjà censé être doté d'un cerveau exceptionnel pour sa race. Ce qui ne l'empêchait pas d'accuser des moments de flottements dans sa caboche d'orc qui restait, malgré tout, une caboche d'orc.

La migraine accompagna donc son épanchement sanguin, heureusement maîtrisé par les arts de soin de NightShade, qui en profitait honteusement pour lui crier à moitié dessus, étant donné qu'elle lui lacérait joyeusement la chair dans le même temps, et qu'il ne pouvait donc pas répondre.

Et ça, Xehlrox savait qu'un jour il le lui revaudrait.
Ou peut-être pas, parce qu'un centaure avec des yeux de biches, c'était pas bien du jeu quand même, ça se cognait moins aisément qu'un troll ou qu'un humain à tête difforme.

Bon, il y repenserait plus tard, dans l'immédiat son attention s'évadait un peu.
Par exemple, à quel moment un centaure devenait-il humain ou cheval dans ses organes internes? Fallait-il ouvrir un centaure pour vérifier?
Etait-ce d'ailleurs un cheval raté avec un bout d'homme en haut, ou alors un homme presque complet auquel on avait rajouté un léger bout de 400 kg de viande chevaline?

A cet instant précis, et si un œil extérieur avait porté attention à cette affaire, Xehlrox souriait un peu niaisement dans le vide, les yeux au loin, tentant de décoller psychologiquement le bout de cheval et le bout d'homme en les inversant dans des situations grotesques et dignes d'enfants en bas âge.

D'autres diraient qu'il était quand même pas très bien à cet instant précis, et qu'il délirait à moitié, voir complètement.

Et puis dans la seconde suivante, il se rassembla.
Ses pupilles redevinrent droite, son sourire s'effaça, et il chassa d'un geste sa migraine.

Bon, tes corbeaux là, ton sortilège et tout ce qui va avec, ça me motive moyennement. Surtout avec les Walkyries qui voudraient faire des brochettes de viande verte.

Par contre, je sais où on peut trouver des infos et répondre aux questions existentielles.

Il faut qu'on atteigne la bibliothèque, en silence, cette nuit, et qu'on questionne le bibliothécaire. Il en connait plus sur ce monde qu'une tribu d'orc sur 10 générations.



Il prit son menton avec sa main démesurée, l'air songeur.
Fixant Nightshade, il fronça les sourcils, perdu dans une réflexion poussée, une idée lumineuse prête à jaillir.

Dis moi, dans le fond, t'es plutôt une humaine ratée avec un torse humain ou un cheval moche auquel on aurait collé un bout d'homme?
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Message  NightShade Jeu 2 Mai - 14:46

Il a l'air parfaitement idiot, le temps d'un doute. Entre le moment où NightShade lui arrache la flèche et celui où il se remet à parler. Quelques secondes, rien de plus. Mais des secondes qui foutent bien la frousse, quand même.
Surtout quand on se dit qu'on dépend de la présence d'esprit de ce grand machin vert, et pas seulement de sa puissance musculaire ou de ses réflexes de combattant.
Ouais, le sourire flottant et la ptite bulle de salive entre les crocs, ça fait peur.

Misère. Je suis dans une m_rde noire.

Heureusement, Xehlrox se ramasse un peu et son regard se fixe à nouveau plus fermement. Ouf. Pour un peu elle l'embrasserait la rôdeuse.
C'est dire si ça secoue, de se faire braquer par toute une basse-cour, et jeter dans une providentielle pièce fermée à grands coups de pieds dans les fesses par un orc plein de dents.
Elle soupire de soulagement comme la voix grondante s'élève à nouveau, même si elle se prépare à une belle engueulade pour ne pas l'avoir prévenu qu'elle allait lui arracher ce machin, malgré qu'elle sache et lui aussi sûrement qu'il valait bien mieux qu'il ne s'en doute pas, sinon il se serait crispé, tendu, peut-être qu'il aurait bougé, bref. Elle a bien fait et elle le sait, mais on se fait toujours engueuler dans ces cas-là, la nature est ainsi faite. Les gens sont des ingrats.

Chose étrange, il ne l'engueule pas.
Chose encore plus étrange, il n'a pas perdu de vue son projet de lui venir en aide.

En même temps il n'a pas beaucoup le choix. Faut qu'il sorte d'ici, et pas par la porte aux volailles. Et là où il passe, je passe aussi. Enfin presque.

Les échelles continuent à lui poser problème. Le reste, ça va.

A un moment, en l'entendant reparler de la bibliothèque, elle désespère à nouveau. Elle en vient, de la bibliothèque !
Oui mais...
Elle est loin de lui avoir tout dit, au vieil elfe. Il en est resté à la cousine qui cauchemarde des oiseaux.
En plus, il venait de repartir à la pèche aux bouquins quand Xehlrox est arrivé, et qu'elle a piqué une de ses crises.

Pourquoi, d'ailleurs ?
Je le connaissais pas d'avant, sinon lui m'aurait reconnu, non ?
Est-ce qu'il me fait penser à quelqu'un d'autre ? Mais alors pourquoi j'ai pas crisé avant ?


Bizarre.
Mais pas très porteur, pour l'instant, comme sujet de réflexion.

Apparemment y'avait pas qu'elle à partir dans des réflexions saugrenues, d'ailleurs.

- Dis moi, dans le fond, t'es plutôt une humaine ratée avec un torse humain ou un cheval moche auquel on aurait collé un bout d'homme?

Crétin. Tout ça parce que lui il est vert de partout.

Affaiblie ou pas, il n'en faut jamais beaucoup pour la mettre en colère, la petite centauresse. C'est un trait de caractère qui lui vient de l'enfance, même si ça, elle ne s'en souvient plus.

- Dis-donc, le croisé d'ours et de cosse de petits pois, tu crois vraiment que c'est le moment de partir dans l'anatomie comparée ?

... rétorque celle qui l'instant d'avant avait, elle aussi, des idées relativement hors de propos dans la tête.

- Le cheval moche te collera la ruade de ta vie quand tu voudras, et l'humaine ratée, c'est tout de suite si tu veux qu'elle te balance une grande paire de claque, histoire de voir si ça sonne creux.

Les poings plantés sur les hanches (qui sont aussi les épaules de sa partie inférieure, eh oui c'est complexe, il faut reconnaître que la question de Xehlrox, si elle est remarquablement mal formulée, ne manque pas de fondement), elle le foudroie du regard, toujours agenouillée par terre à côté de lui, ce qui gâche un peu l'effet. Deux jolies roses rouges posées sur les joues et les yeux en fusion, elle le toise, les lèvres pincées, les narines arrondies par un souffle plein de fière indignation. Ca doit être le mot "raté". Ou alors le "moche". En tout cas elle fulmine.
Bah oui. Hybride ou pas, c'est une fille.
Et c'est toujours très très maladroit de dénigrer l'apparence d'une fille avec des adjectifs aussi disgracieux...

Consciente sans doute de son manque de majesté, elle se lève. Et met son point d'honneur à le faire de manière preste, fluide, souple. Autant pour la moitié de gros bourrin pataud qu'il lui a collé en guise de partie inférieure. Qu'il se mange l'inadéquation de ses épithètes avec ce qu'il a devant les yeux, jambes fines aux os longs et délicats, petits sabots durs, flancs courbes, minces, et le long fouet immaculé qu'elle envoie frapper ses jarrets. Cheval moche... Grosse brute d'orc, oui !

L'humaine ratée l'attend donc, un sabot postérieur pointé sur le sol dallé, tac, élégante, impatiente et digne malgré l'offense. Bras croisés sur la poitrine après avoir glissé ses sacoches sur son garrot et bouclé la ceinture qui les maintient en place, dents serrées pour endiguer la vague de migraine qui l'a assaillie lors de son mouvement, elle le toise du haut de ses presque deux mètres.
Ben oui, selon les critères centauriens, elle est très petite, NightShade. La plupart des siens culminent une tête ou deux au-dessus d'elle. Chose qui l'a toujours un petit peu complexée, étant jeune. Maintenant qu'elle évolue parmi les "petits", qu'elle regarde tous d'en haut à part les orcs et les trolls, ce petit souci a disparu et elle est fière de sa vivacité et de sa rapidité. Même si le complexe demeure, enfoui dans un recoin de sa mémoire défaillante...

- Alors, le maître de céans, elle est où ta porte de derrière ? Parce que je suppose qu'on ne ressort pas côté poulailler ?

Oui bon...
Il a été secoué, quand même.
Et tu dépends de son bon vouloir, aussi.
...
Mmmmmprf.


Elle tend sa petite main à Xehlrox pour l'aider à se lever. Cocasse. Cette toute petite main...

La voix radoucie, un peu, elle continue.

- Allez... J'ai pas confiance en leur air stupide. Ca viendrait mal qu'elles trouvent le moyen d'ouvrir cette porte... Et puis faudra du temps pour convaincre ton bibliothécaire de bien vouloir nous aider, après le foutoir qu'on a laissé là-haut.
Et puis...
... vu que je lui ai pas dit toute la vérité, non plus...


Et hop, démontée la dignité.
Le rouge aux joues et l'air penaud, c'est radical.
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Message  Xehlrox Ven 3 Mai - 13:06

Tout de suite, voilà qu'elle monte sur ses grands chevaux.

Xehlrox, bien que fier de son jeu de mot, se retint de le dire ouvertement, car ses sujets de réflexion ayant eu un attrait modéré envers NS, il imaginait, et à juste titre, que son humour aurait un effet relativement proche.

Et du coup, il ne put s'empêcher d'esquisser un léger rictus de sourire, en pouffant légèrement, après quoi il préféra ne pas ouvrir la bouche.

Croisé d'ours et de cosse de petit pois, c'est pas si méchant, les ours c'est bon à manger, mais les petits pois c'est dangereux, ça étouffe et ça tue. Ca c'est méchant, de traiter quelqu'un de petit pois.
Après, est-ce que comparer quelqu'un à un petit pois ou à une cosse de petit pois c'est aussi méchant, je ne sais pas. Dans le doute je préfère te dire que tu ressembles à une pelure d'orange, tiens.


Oui, c'était très vulgaire, et cela amènerait certainement la centaure à verser une ou deux larme, mais bon, à un moment, Xehlrox sortait le summum de sa verve linguistique, et tant pis pour les dégâts.

Attendant que les larmes viennent, il réfléchissait aux paroles de NS. Pas bien rassurant tout ça. Il ne se connaissaient que modérément l'un l'autre avec le bibliothécaire, mais bon.. Entrer chez quelqu'un et tout mettre par terre, après l'avoir secoué un peu et lui avoir menti.
Il peut tout à fait nous en tenir compte.

Bon, tes ruades et tes petits points ne nous serviront pas à avancer, alors range les et arrête de t'énerver, ne monte pas sur tes gr... Ne t'énerve pas quoi.
Je pense qu'on a peu de chances de réussir à soutirer des infos du bibliothécaire dans l'état actuel des choses.
Faudrait déjà que je sache ce que tu lui as dit, qu'on fasse un état des lieux.
Et puis on va pas tarder à bouger, je suis d'accord avec toi, les Walkyries finiront par entrer, et elle sseront plus nombreuses...
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Message  NightShade Ven 3 Mai - 23:01

Mais c'est qu'il se fout de ma gueule cet empaffé !

La rôdeuse oscille entre la gêne et la grogne sur une fréquence étonnamment rapide. Le petit rire de Xehlrox est particulièrement horripilant. Elle refuse d'en montrer quoi que ce soit et remonte son petit menton pointu, genre même-pas-j'te-fais-l'aumône-d'une-baffe. Et puis bon, c'est quand même un peu satisfaisant de l'entendre râler sur le coup des petits pois. Elle ne lui fera pas non plus le plaisir de lui expliquer qu'elle a choisi la cosse de petits pois non seulement pour la couleur mais pour son aspect bosselé, qui lui a rappelé, ça s'invente pas, la musculature de l'orc. Il serait capable, pour le coup, de trouver ça flatteur. Vu que finalement ça l'est, d'une étrange manière.

Comme elle ne saisit pas l'allusion à la pelure d'orange, elle peut sans difficulté s'abstenir de réagir et conserver une façade de froide impassibilité, qu'elle est bien loin d'éprouver. Qu'elle n'éprouve jamais, d'ailleurs. Même quand elle dort, elle bouillonne, celle-là. Quand elle n'est pas en train d'exploser en tout cas.

Du coup elle l'écoute poursuivre, et lève un sourcil dédaigneux quand il lui enjoint de ne pas s'énerver. Enervée, elle ? Ja-mais. Elle a autant de sang-froid qu'un saurus. Ah mais.

Xehlrox continue, et c'est pas bête ce qu'il dit en fait... Déjà lui dire ce qu'elle a raconté comme salades à l'elfe (et sur salade, il va se sentir visé, aussi ? Elle se sent prête à pouffer à son tour. C'est nerveux), et surtout ne pas moisir ici.

- Bon. Ben je vais te raconter ça, c'est pas bien compliqué.

Bong.
Un choc contre la porte.
Ca s'agite là derrière.

- Euh... En avançant, par exemple ? Je propose maintenant. Ca me paraît bien pensé, non ?

Bong.

- Xehl... faut qu'on file d'ici. Promis je te raconte mais d'abord on dégage.

C'est insensé comme elle a la frousse, là, d'un seul coup. C'est le souvenir de ces visages sans regard qui lui remonte en mémoire, et ça lui frissonne le long des os, la menace froide et sans âme. C'est pas des êtres vivants, c'est des armes, et les armes ça fait pas de sentiment.
Et tout le monde sera d'accord sur le fait qu'une arme qui bouge toute seule, c'est carrément flippant.
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