Royaume d'Achaïa Che'Hina
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Dans le noir et le tiède de la terre creuse

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Dans le noir et le tiède de la terre creuse Empty Dans le noir et le tiède de la terre creuse

Message  La mauvaise herbe Dim 24 Fév - 20:44


... La lumière du dehors était grise et mouillée.
Ici, dans le tunnel, les parois d'argile sont humides et douces, noires comme la vie encore à naître. L'odeur est chargée de toutes ces vies qui se transforment, nourrissent la terre avant d'être à nouveau nourries par elle.
Donner et recevoir et donner, toujours.
Le noir puis la lumière puis le noir à nouveau.
Les choses chaudes voient parfois mal dans le noir, on le sait, leurs yeux perdus lancent des trilles d'angoisse.
L'angoisse pince et fait frémir, on ne l'aime pas.
Autant donner de la lumière à la douce chose velue aux mains comme les ailes des papillons.
Autant pousser hors de la terre ces petites racines minces dont on n'a pas vraiment besoin.
On les vrille pour le plaisir, pour jouer avec l'air et les petits insectes sans esprit.
On peut les changer, c'est facile.
La grande chose aime les fleurs, elle les a caressées.
On lui donne des fleurs de lumière, dorées comme son esprit.
Petites fleurs qui s'ouvrent sur les vrilles des radicelles, minuscules.
On leur dit d'éclairer, il y a de la lumière qui flotte dans l'air et qui nage dans les eaux de la terre, il suffit de l'amener là, dans les fleurs.
Et puis du bleu et de l'orange, aussi, on aime ces parfums, oui, du violet et le blanc du soleil, et le rouge de leur colère qu'on sent parfois à travers le vent de leur course.
Elle aimera, oui, elle doit aimer les couleurs cette créature du grand ciel.
Les couleurs qui habillent l'argile de la terre, qui lui montrent où poser ses pas.

Le tunnel va plus loin et plus profond.
Il plonge dans l'argile moite et souple.
On le connaît, on les connaît tous, ceux dans l'argile, ceux dans la roche, ceux que les gens ont revêtu de bois et de pierre.
On les connaît aussi les grandes régions vides où vibrent l'écho des gouttes d'eau.
On les connaît presque aussi bien que la terre pleine, ces endroits de terre creuse.
On va guider la chose douce qui aime la chaleur là où il y en a plus encore, si elle veut y aller.
Ce n'est pas loin.
Ira-t-elle ?
On allume les fleurs colorées devant elle.
Il y a d'autres tunnels, on les laisse obscurs.
Ira-t-elle ?
On l'attend.
La mauvaise herbe
La mauvaise herbe

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Dans le noir et le tiède de la terre creuse Empty Re: Dans le noir et le tiède de la terre creuse

Message  Estendra Lun 25 Fév - 18:00

J'avance, tête première.
Au bout de quelques pas, je m'arrête. Laisse à mes yeux le temps de s'habituer. Même si je ne suis pas sûre qu'ici, je puisse y voir un minimum.
Et je sens que je panique.
Je ne me sens pas à mon aise. A l'étroit. Je me rends compte que, pour ressortir, je ne peux pas me retourner, qu'il me faudrait aller à reculons. Je ne peux pas me redresser, m'assoir. Rien. Juste rester dans cette position, ou m'allonger.

Alors je m'allonge, de toute mon long, contre la terre étrangement douce, étrangement mouillée. Mes yeux se ferment. Mon esprit s'envole.
Pour que je me calme.
Que mon cœur s'apaise.

Tout doucement, ça passe. Je commence à me sentir mieux.
Mes yeux s'ouvrent. Se referme sous la surprise. Puis papillonnent, pour s'habituer à la subite lueur qui apparaît. Qui me surprend.

Je me redresse lentement, me remets sur mes genoux.
Ma main curieuse s'approche de nouveau, sans pour autant les toucher. Avec comme l'impression que je pourrais les casser.

J'en oublie même d'avancer tant je suis étonnée de voir une telle chose.
La terre cache de si jolie choses...
Cet arc-en-ciel m'éblouit. Fait monter un sourire à mon visage.

Qui accompagne qui ? Qui suit qui ?
Je ne réfléchis plus vraiment à ce qui pourrait m'arriver.
Je marche, vais plus loin dans ce tunnel.
Voir ce que la terre a encore à m'offrir.
Estendra
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Dans le noir et le tiède de la terre creuse Empty Re: Dans le noir et le tiède de la terre creuse

Message  La mauvaise herbe Dim 10 Mar - 18:23

C'est bien, elle suit la piste de lumière, la grande chose souple.
Sans méfiance et sans peur, c'est bien, on n'aime pas leur peur.
Leur peur est une explosion douloureuse de blanc brûlant, leur peur crie trop fort.
Même quand leur mort vient vite et qu'elle fait taire leur peur, on en garde les vibrations longtemps, très longtemps, et on déteste ça.
Les petites bêtes ont la peur brève et ténue. Mais les grandes créatures qui ont l'esprit chatoyant, comme elle, ont de grandes peurs dévastatrices, des tintamarres violents et pestilentiels.
C'est bien si elle n'a plus peur.
Son esprit rayonne et la chaleur est douce, les racines l'aiment.

On continue à tracer un chemin dans le creux de la terre pour elle, vers la chaleur douce et les eaux tièdes.
Elles sont là-bas plus loin, après les grandes cavernes où l'eau construit des colonnes blanches.
Le boyau est étroit, passera-t-elle ? Elle est très souple. C'est facile. Et la lumière des fleurs l'attend derrière.
Dans le noir et le tiède de la terre creuse Estendra01
Ici on peut laisser s'éteindre la lumière, il y a celle du grand ciel qui se glisse dans les fissures du toit.
L'air est tiède ici, parfumé, elle aimera, on l'espère.
Ca sent la roche, ça sent le métal.
Et ça sent ces plantes vertes qui poussent ici à la lumière du grand ciel.
Elles sont presque comme celles du dehors, ces petites soeurs du dedans. Juste un peu différentes, leurs formes plus sinueuses, leur parfum beaucoup, beaucoup plus fort. Nourries par une eau qui a voyagé profond et ramené pour elles des substances rares. On les aime, ces eaux, on s'y nourrit aussi, on va y plonger les racines, et on en frémit de bonheur.
Aimera-t-elle, la grande chose ?
Elle ne mange pas d'eau... Mais la chaleur est bonne.
Elle attire beaucoup de petites bêtes.
De plus grosses aussi, mais pas aujourd'hui.
On ne sent pas sa présence, et c'est tant mieux.
Il porte la peur, et la mort n'est jamais rapide, avec lui.
La mauvaise herbe
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Dans le noir et le tiède de la terre creuse Empty Re: Dans le noir et le tiède de la terre creuse

Message  Estendra Lun 25 Mar - 18:39

Combien de long fait ce tunnel ? Je ne saurais pas dire si je suis là depuis longtemps, ni combien de mètres j'ai parcouru jusqu'à présent. A vrai dire, les fleurs m'occupent trop l'esprit pour que je fasse attention au temps qui passe.
Je me contente de me glisser, de suivre les fleurs. La terre s'accroche à mes poils, à mes doigts, à mes habits, mais ça ne me gêne pas vraiment.

Au contraire, ça me rappelle mon enfance, là-bas, avec le Saurus.
Un léger pincement au cœur. Ma respiration s'accélère. J'en viens presque à me dire que, peut-être, il sera au bout du tunnel.

Je sais bien qu'il n'en est rien. Jamais il ne partira de là-bas comme j'ai pu le faire.

Mais ça n'est pas vraiment grave. J'ai été triste pendant quelques temps, une fois le cerbère passé, mais plus maintenant. Un léger manque certes, mais la tristesse, je m'en garde bien.
S'il me voyait à présent, sûre que ça lui ferait décoller les coins de bouche.
Toujours aussi bizarre qu'il marmonnerait.

Bizarre, sûrement.
Mais ça lui plaisait bien, même s'il faisait son possible pour ne pas le montrer.
Je sais très bien qu'il attendait avec impatience que je vienne sur son monticule de terre et que je lui raconte mes aventures. Réelles ou imaginées.

Et tandis que je me glisse dans le tunnel, que je me tortille, me faufile, je repense à nos entrevues. Il aurait pas aimé les fleurs. Il aurait pas vraiment pu passer par là de toute façon. Trop vieux, trop fourbu.

Je me laisse glisser par le trou avec lenteur, observant les nouveaux lieux. Je peux enfin me redresser totalement.
Là, il se serait plu. Aucun doute.

Je respire un grand coup, me trouvant bien mieux ici que là-haut. Les odeurs m'assaillent de toute part, et je me laisse faire avec plaisir.

Après avoir regarder autour de moi, l'idée que je pourrais rester dans le coin un moment me prend. Oui... Pourquoi pas, si personne ne me trouve.
Estendra
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Dans le noir et le tiède de la terre creuse Empty Re: Dans le noir et le tiède de la terre creuse

Message  La mauvaise herbe Mar 16 Avr - 17:31

Aaaah... Elle aime.
On le sent aux ondes douces qui battent dans l'air tiède et parfumé.
C'est bien, c'est très bien. Ces ondes sont bonnes.
Les fleurettes s'ouvrent grand pour habiller la paroi du creux, et la lueur revient, dorée. C'est comme la couleur de l'astre jaune dans le grand ciel du dehors. Elle aimera encore plus.

On songe que ce serait bien si elle restait.
Sa tiédeur est bienfaisante, elle caresse les vrilles des radicelles et elle éclaire les pétales des fleurs et elle pénètre même l'argile dure des parois pour gagner les tiges et les racines plus grosses. On en frémirait d'aise, les fleurs frémissent seules qui sont dans le creux.
Ce serait bien qu'elle reste, mais on sait qu'elle ne le fera pas. Il y a trop peu à manger ici pour ces grandes choses. Et puis on n'a pas envie de sentir la peur des petites choses qu'il lui faudrait prendre.
Non, c'est mieux de conduire la grande chose plus loin, quand on sera rassasiée de sa chaleur.
Là plus loin il y a des choses qu'elle aimera plus encore, et puis d'autres voies vers le grand ciel.
Mais rien ne presse.
On joue à lui frôler la fourrure avec des fleurs.
Parfois les grandes choses font vibrer l'air plus fort quand on les frôle, et elles envoient des ondes plus fortes et plus vivantes. Est-ce qu'elle va le faire, elle ? On est bien avec elle ici dans le creux parfumé de plantes étranges et d'odeurs de roche.
Rien ne presse.


Ou peut-être que si.
Choc lourd qui résonne à travers la terre pleine, venu de loin, mais pas assez loin.
De moins en moins loin.
Il ne dormait donc pas.
On est tentée de rentrer en hâte toutes les racines et d'abandonner les fleurs, de se réfugier dans la terre pleine et de se cacher de lui.
Mais la grande chose souple ?...
La laisser ? On ne peut pas l'emporter.
On hésite.
La mauvaise herbe
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Dans le noir et le tiède de la terre creuse Empty Re: Dans le noir et le tiède de la terre creuse

Message  Démenos Mer 17 Avr - 14:05

Un long borborygme sourd résonne dans les parois, faisant vriller la terre qui tente de s'accrocher aux parois du tunnel.

Un pas lourd, comme une épaisse rocaille qui tombe de manière éparse en s'enfonçant loin dans la terre. Un pas qui détruit, qui enfonce les herbes et les fleurs, qui laisse des traces profondes.

Les raclements des ongles terreux sur la paroi viennent se mêler à la symphonie. Des griffes presque, usées par le contact froid de la pierre. Et un frottement désagréable, comme si on trainait un lourd cadavre sur le sol.

Il est réveillé.

Il est proche.

Et il a faim.

Ses mains noircies arrachent la vie qui se tord sur les murs. Ses doigts potelés écrasent les pétales, les fleurs, les sépales, coroles et étamines. Même la pierre se recroqueville pour ne pas subir son contact.

S'ensuit un bruit grave, rire ou cri, comme un raclement de gorge étouffé par des glaires.

Non, rien de bon n'émane de tout cela. Rien de rassurant. Et comme si cela ne suffisait pas, Il connait tous les couloirs par cœur.

Et maintenant, il sait que quelqu'un rôde dans les couloirs.
Démenos
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Dans le noir et le tiède de la terre creuse Empty Re: Dans le noir et le tiède de la terre creuse

Message  Estendra Jeu 9 Mai - 10:36

Les odeurs sont tellement fortes autour de moi, d'une telle présence...
Elles m'enivrent, me feraient presque mal à la tête.
Mes yeux se ferment, mon corps bouge lentement, tout doucement, sur un rythme que moi seule connais.
Je sens encore les fleurs qui m'ont accompagnées me frôler.
Même fermés, mes yeux n'ont pas oublié leurs couleurs.
Mon corps se tend, se tend. Mon menton se relève, mon cou s'étire.
Mon visage se lève vers ce qui devrait être le ciel.
Suis-je vraiment seule ici ?
Mes yeux se rouvrent, se perdent dans la roche qui me domine, trouée ça et là de... De lumière ?
A quelle distance de dehors m'ont-elles fait aller ?
Ma main se tend, illusoire chimère que cette lumière n'est-ce pas ?

Les fleurs ont arrêté de bouger, de me frôler, danse étrange qui me manque tout à coups.
Pourquoi ?
Qu'est-ce qui a changé ?
Un frisson me parcourt, mes yeux se plissent, cherchent, traquent.
Ici, mon nez ne me sert à rien, il y a trop d'odeurs.
Trop d'inconnues.
Où donc les plantes m'ont-elles mené ?
Le fracas se fait entendre, le crissement.
Ma poitrine se soulève avec difficulté, me fait mal.
Mes poils se sont hérissés, et la peur reflue en moi.

Où donc les plantes m'ont-elles mené ?
Je tourne sur moi-même, observant les lieux n'ont plus avec les yeux de la curiosité badine, mais d'un regard acéré, où la naïveté à laissé la place à la circonspection.
Tout semble trop beau. Trop doux. Sent trop bon.
Tout est trop quelque chose pour être bon.

Mon regard se porte de nouveau sur les fleurs.
Je n'ose plus les toucher à présent.
Elles m'ont aidé pour la pluie, mais vers quoi m'ont-elles mené ?
Vers quoi !
Le bruit se rapproche, et mon corps qui s'était grandi quelques instants plus tôt redevient petit, roulée en moi-même, sur moi-même. Rapetissé.

La peur se bat avec la curiosité.
Les peut-être se précipitent, sans que je sache quoi faire.
Le vert dirait de ne pas être trop téméraire.
Et peut-être devrais-je faire ce qu'il dirait.
Repartir par le boyau, en espérant que les plantes ne m'en empêchent pas.

Sans même savoir ce qui arrive ?

Pauvre folle.

Pauvre folle oui.
Estendra
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Dans le noir et le tiède de la terre creuse Empty Re: Dans le noir et le tiède de la terre creuse

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