La Bibliothèque

Depuis le pilier de Sagesse on arrive dans cette vaste salle carrée aux murs garnis de rayonnages. Les murs s'étendent à perte de vue, si bien que l'on ne distingue pas le plafond.

De nombreux écritoires sont disposés dans la salle dans un désordre qui n'est qu'apparent. Un large bureau sur une estrade leur fait face comme dans une salle de classe, et y préside le bibliothécaire, Irkrith. Celui-ci est une fourmi-télépathe d'aspect humanoïde à tête de fourmi d'environ trois mètres de haut.

Dans les angles de la pièce et au centre des panneaux, des coursives verticales partent vers les hauteurs et s'enfoncent dans le sous-sol. Leur utilité ne semble évidente que lorsque l'on demande une documentation au bibliothécaire. Dès lors, une armada de ses congénères, bien que de tailles plus modestes sort du plancher pour s'élancer à la recherche des ouvrages requis.

Lors des inventaires, une activité trépidante règne, les fourmis s'activant en tous sens. Leurs déplacements sont parfaitement silencieux et respectent la quiétude de ceux qui veulent s'installer pour étudier dans ce havre de paix. De part et d'autre du grand bureau s'élèvent deux escaliers translucides qui mènent aux autres parties du pilier de Sagesse.

Il se tourne vers vous, ses grands yeux reflètent étrangement la lumière. Sa longue tête étrange, ses membres segmentés... Peut-il seulement vous répondre ?
Il le peut.
Cette bouche est presque humaine. La voix ne l'est pas.

Suraiguë, presque criarde. Désagréable, en vérité.
Et en plus, vous n'avez pas la référence.

Qu'est-ce qu'un mot-clé ? Il ne répond pas. Il vous regarde. Des antennes s'agitent dans l'obscurité derrière lui, beaucoup d'antennes.
Vous tentez un mot, qui vous paraît correspondre à votre recherche.

Préciser... oui, il y a peut-être moyen. Vous citez un autre mot.

Il ne bouge pas, émet une stridulation presque inaudible. Et là une marée d'antennes et d'yeux noirs, d'armures de chitine bronze et de pattes enfiévrées s'anime. Ca grimpe dans les rayonnages, ça cliquète et ça crisse.

L'instant d'après, ou presque, quatre ouvrages s'empilent devant vous. Puis cinq. Et ça bouge encore.

La haute silhouette raide se détourne et s'en va. Prononce une seule syllabe que vous n'êtes pas sur d'avoir compris.

Et là, une grande fourmi brune dépose sur le coin de la table un plateau d'argent, sur lequel fume une théière.

La voix crissante vient de là-bas, et son ton péremptoire est d'une netteté sans équivoque.
Et donc, vous prendrez garde à ne pas renverser.
C'est qu'il est un peu... inquiétant, ce bibliothécaire.