La Chambre des Supplices

Une rampe s'enfonce sous terre dans les jardins qui entourent le Ministère du Dehors, sombre malgré les flambeaux qui éclairent la voie. Les murs sont rectilignes, dallés d'une pierre lisse, d'un noir terne de suie. L'écho des pas s'y multiplie et s'y déforme, et que dire de celui des cris...

Il faut plusieurs minutes pour gagner les salles du bas, creusées dans la roche rousse qui porte la Cité à cet endroit du Royaume. Les voûtes sont soutenues par des nervures de roche, trop délicates en apparence, pourtant à toute épreuve.

Au pied de la rampe l'espace apparaît immense, gigantesque, presque infini. Infini aussi l'écho qui s'enfle et se tord dans l'air stagnant, chargé d'odeurs lourdes et sinistres. Là en bas il y a un vaste espace dégagé, octogonal. De petits autels sont dressés sur le pourtour, et portent des symboles, ceux des clans ennemis. A chaque déclaration de guerre, un autel est dressé, un symbole apporté, et souillé du sang d'un ennemi.

Là, tout autour, le long des murs, s'empilent des os. Crânes, fémurs, mains pourrissantes. Ici ils s'entassent, chacun derrière l'autel qui lui est dédié. Les ennemis tombés, empilés en offrande à la guerre.

Plus loin, la voie continue, et elle s'enfonce entre mille petites bâtisses sombres aux fenêtres minuscules. Des geôles, des chambres garnies d'étranges outils, des vastes pièces ténébreuses ou d'autres au contraire où luit une lueur de mauvais augure. Et là, au centre, noirceur absolue sur fond de ténèbres, le Gouffre.