Chat quoi

**Estendra** Ven 14 Déc - 10:54

Il pleut depuis quelques heures maintenant. Au départ, c'était pas particulièrement dérangeant, ça faisait juste comme une sorte de bruine. Un petit crachin au pire. Qui effleure les poils, mais pénètre pas dans la fourrure. Maintenant, c'est plus des grosses gouttes, qui pendouillent à mes moustaches, comme si elles dansaient, ou ne savaient pas trop quoi faire. Continuer à tomber, pour s'écraser violemment au sol, ou rester là, bien tranquille, jusqu'à ce que je les chasse moi-même d'un coup de main ?
Tout ça me gêne, m'asticote, me fait remuer nez et moustaches. J'ai un éternuement au fond du nez, qui gratte, se fait attendre.
C'est désagréable.
Ce premier temps.
Quand tu es pas encore tout à fait mouillée. Que tu es pas encore habituée.
Que tu l'as pas choisi surtout.

Ça me rentre par les bottes. Ça suit les bords de la capuche, passe sur mon cou. Ça me fait frémir. Ça me fait froid. Ça me fait mouiller. Ma fourrure en tombe, se colle, devient lourde et désagréable. Chamouille, chamouillé, chatrempe.

Je voudrais m'essorer. Me secouer. Virevolter pour tout enlever. Comme un chien, mais avec grâce. Mais ça ne servirait à rien tant que je ne serais pas à l’abri, ou que la pluie ne stoppera pas.
Et ni l'un ni l'autre ne semble vouloir se concrétiser. Les nuages sont bien trop gros, bien trop gris, bien trop partout pour arrêter cette lente cacophonie. Et que je te tombe sur le sol. Sur une feuille. Sur la pierre. Dans la boue. Dans les petites flaques. Du bruit partout. Je pourrais presque ne pas entendre le reste, si reste il y avait.
Et tout ça me fait me perdre.
Je ne sais pas où je me trouve. Je m'égare. Et je continue de marcher, parce que, de toute façon, que pourrais-je faire d'autre ?

Alors j'avance. Je me traine parfois. Je râle. Je peste. Dans mes moustaches sur lesquelles dansent tant et plus de goutte. Pas de goutte de larme.
Je suis boue.

Mes doigts trouvent alors la grille, s'enroulent autour tandis que mon visage s'y colle, entre deux barreaux, observe.
D'une petite poussée, ouvre la grille.
Chacurieux. Chaboueux. Chamouille, salit de ses bottes et avance. Avec dans les oreilles la cacophonie de la pluie qui accélère le battement de mon cœur. Chapeur.

**La mauvaise herbe** Mer 26 Déc - 22:48

pied-semelle-souffrance
Quoi ?
A manger ? Manger ?

Grande chose chaude et véloce. Ne se mange pas.
Trop grande et trop forte.
Mais la chaleur est bonne. Douce.
On aime cette chaleur des choses qui passent, parfois.
On est forte parce que la pluie est venue, et qu'on l'attendait.
On est gorgée d'eau.
Mais la chaleur, ça, c'est toujours
ooooh
C'est toujours si doux.
Chaleur.
Désir.
Oui.

Tendre une vrille ou deux, celle-là, la plus forte, charnue, verte et rose,
Tendre sur le chemin de la chose chaude, rouler le caillou.
Pour que la chose bouge, elles bougent, elles bougent vite.
Elles marchent à côté des pierres, et là on les attend.
Tendre des vrilles, des tiges, celles qui portent les plus grandes fleurs.
Ces fleurs qui ont des taches qui rappellent les yeux des choses qui marchent vite.
Souvent, ils s'arrêtent et se demandent.
Est-ce qu'elle pense, la plante aux fleurs bleutées ?
Est-ce qu'elle cherche à sentir leurs mots de vent, ceux qu'ils font vibrer dans l'air comme les ailes des abeilles ?
Est-ce qu'elle veut leur dire quelque chose, la plante, celle qui est si vaste qu'ils se savent pas que ses racines courent d'un bout à l'autre du royaume, celle si vieille qu'ils ne soupçonnent pas qu'elle a vu mille aubes sans jamais rien voir ?

Tendre les visages des fleurs bleutées, espérer.
Que la grande chose chaude s'arrête, qu'elle vienne.
La chaleur est bonne, et on a des choses à donner.
Oui.
De bonnes choses.

**Estendra** Ven 11 Jan - 21:55

Et ça pleut, ça gratte et ça chatouille. Je remue mon nez, mes moustaches, plisse ma bouche, fronce les sourcils. Je ne veux plus de pluie, de toute cette eau, de ce crachin qui me mouille trop, pas assez, de manière que j'aime pas. Sans que je le choisisse en plus. Je préférerais qu'il neige. Mais pour ça, il devrait faire froid, et je n'aime pas trop le froid non plus.
Je ronchonne.
Dans mes moustaches à défaut de barbe.
Je ronchonne. Pour la pluie, et pour la boue. Pour toute sorte de chose en fait, pour lesquelles je ne peux rien faire, parce que râler pour ça m'empêche de râler pour autre chose. Matourâleur.
Presque à taper dans les cailloux.
Presque.
Je me retourne, me tourne, encore une fois. Regarde autour de moi. Refermer derrière moi ? Laisser ouvert ? Et c'est parti pour une réflexion, sûrement inutile, comme à mon habitude. Si je ferme, les gens du dehors ne pourront pas deviner que je suis dedans. Et les gens du dedans ne pourront peut-être pas le deviner non plus... Si je laisse ouvert, je pourrais m'enfuir plus vite si finalement les gens du dedans savent que je suis là.
Si gens du dedans il y a.
J'aurais bien toqué ou sonné ou gratté. Mais je sens que je vais encore devoir y réfléchir un peu à savoir si je veux me faire remarquer.
Là tout de suite, j'aurais plutôt tendance à me recroqueviller. A me faire toute petite. Qu'on me remarque pas. Ni les gens du dehors, ni les hypothétiques gens du dedans.
Alors je m'agenouille. Je regarde du coin de l’œil la grille, ouverte par mon passage. Puis je regarde autour de moi, le cœur toujours battant un peu trop rapidement.

Maintenant que je suis là, je ne sais pas trop quoi faire. J'hésite à visiter ces lieux que je découvre. Ou à repartir.
Alors je ne fais rien. Je laisse la pluie me dégouliner dessus, mes yeux dans le vague tandis qu'une goutte pendouille sur une de mes moustaches.
Mes yeux dans le vague bleu, iraient pour se fermer, mais se froncent plutôt. Bleu ? Mon vague à l'âme a rarement cette couleur.
Ma main se tend, sans réfléchir.
Bleu c'est beau.
Ma main se tend, effleure le bleu.
C'est doux, et la fleur éclot sur mes lèvres.

**La mauvaise herbe** Dim 20 Jan - 15:16

Elle vient, la grande chose chaude.
Elle vient tout près.
Tout doux.
On aime ses pieds petits qui n'écrasent rien.
Ses pieds légers.
On aime moins ses genoux, plus grands.
Les longues barres des os qui s'impriment, là, dans la mousse, qui ploient une tige.
Mais la mousse est stupide, sans conscience.
Et la mousse en a vu d'autres.
La chose chaude est légère.
La tige plie bien peu.

La chose dégage des parfums d'inconfort.
Serait-ce qu'elle a peur ?
Non. On connaît leur peur.
Serait-ce qu'elle a mal ?
Non plus. Le mal brille plus clair et plus rouge.
Elle diffuse des vibrations, oui, mais faibles.
Le mal, la peur, la colère, on les a déjà senties.
C'est autre.
Quoi, alors ?
L'eau ?

Elle est immobile, la grande chose chaude.
Presque, elle frémit, oui, et les ondes incertaines, qu'on ne comprend pas.
Les grandes feuilles se déplient, s'ouvrent pour capter la chaleur, la chaleur est meilleure quand l'eau ne la prend pas, alors les grandes feuilles barrent l'eau. C'est facile.
Et les fleurs sont des regards sans yeux.
Des nez sans narines.
Voir pourquoi c'est là, comment faire pour que ça reste un peu.
La chaleur est bonne.

...
Contact, main.
Ou patte.
Ou les deux ?
Vibration de peur, parfois les choses prennent les fleurs, et ça fait mal.
Mais on ne sent pas de cassure. De la chaleur seulement.
De la chaleur toute proche.
Puissante.
On la boit.
On en est enivrée.
La fleur, elle s'ouvre grand, se gorge de vie, de couleur, de force.
Elle frôle la grande chose.
Salut.

On a chaud, c'est bien.
La pluie coule dessus, la chaleur vient dessous, de la chair vivante, chair douce, qui ne casse pas les fleurs.
C'est bien, on se révèle. D'autres fleurs, identiques, s'ouvrent et regardent de leur coeur jaune doré.
Les grandes feuilles déployées qui font un toit. La pluie frappe, puis roule au loin, seules quelques gouttes passent.
On aime le contact, sentir la vibration qui s'éteint, c'était l'eau qu'elle n'aimait pas, maintenant que l'eau roule, elle vibre moins.

Si elle n'aime pas l'eau, elle devrait aimer la terre.
Et dans la terre, on est aussi.
On peut aussi capter la chaleur.
Aimera-t-elle la terre ?

Sur le côté, écarter les grandes tiges feuillues, révéler le trou, grand trou oblique toujours caché, assez grand pour elle, qui mène dans la terre.
Au sec pour les endroits où la terre n'est pas, même si l'eau y est dans la terre pour nourrir les racines.
On aime la terre, autant que l'eau et la chaleur du soleil.
On connaît la gratitude.
On offre le sec, la voie des racines.
Que la grande chose chaude vienne au sec, on profitera de sa chaleur, et elle verra les voies profondes.
Il y a longtemps.

**Estendra** Jeu 21 Fév - 14:58

Le bleu se fait vie. Se répand. Semble appeler d'autres couleurs, d'autres formes, qui se déploient autour de moi. Tout semble prendre vie depuis ma caresse couleur sourire. Comme si mes mains avaient un pouvoir. Comme si ma douceur réveillait.
Et ça me fait sourire. Encore et encore.
Ça me fait dévoiler mes canines. C'est rare, ces sourires. C'est précieux, ça ne se montre qu'à peu.

L'atmosphère me prend au corps. Je frissonne. Et sous ses visages feuillus, sous ces yeux qui croisent mon regard, je me sens bien.
La chanson de la pluie a changé. Elle se fait douce, apaisante. Câline sur ma fourrure. Tambourin qui m'emporte sur les feuilles.

Et mes bras s'écarte, s'envolent. Mon dos ploie en arrière, se cambre. Je m'ouvre. Mes yeux se ferment, mais sur mes paupières sont imprimés les dizaines d'yeux que je sais tout autour de moi. J'ondulerai presque avec ces feuilles autour de moi, que j'effleure du bout des doigts.

Je me sens bien, sous ce toit de feuille. Plus de pluie ou presque.
Mes yeux se rouvrent, découvrent les soleils qui me regardent. Je n'ose plus toucher maintenant qu'avec mes yeux, qui se gavent.
Cela me semble si mystérieux.
Est-ce un cadeau ?

Et je vois le trou. Les feuilles qui semblent attendre, presque comme un geste, une invitation ?
Un moment j'hésite. Tant de beauté, juste pour moi... Est-ce une bonne chose ? Pour m'attirer, loin, loin dans les profondeurs, et quoi ?

Je ne sais pas.
Je doute. J'ai peur aussi, un peu.
Mais elles m'ont protégé de la pluie.
Alors la confiance, qui vient si vite, parfois trop vite, m'enveloppe.

Je tends une main, douce, vers la première fleur, esquisse une caresse, un remerciement.
Et me glisse dans le trou, y coule, y plonge.

**La mauvaise herbe** Dim 24 Fév - 20:45

Agréable grande chose chaude, elle diffuse des vibrations plus sereines.
Elle aime nos fleurs et elle caresse nos feuilles, c'est doux.
On sent la détente dans ses membres et dans son esprit, qui s'ouvre.
Son esprit est doré comme le parfum des fleurs.
Chaud et léger comme son corps.

La petite onde de peur revient, quand on lui montre la terre creuse.
Peut-être n'aime-t-elle que le ciel, ils sont parfois comme ça.
Ils repoussent la terre et la craignent, pourtant que peut-on y craindre ?
Que craignent ces enfants dans l'oeuf, dans le ventre de leur mère ?
La terre, on y entre comme on revient dans le creux soyeux de la coquille.
On y retourne comme un nouveau-né.
La terre n'est que tiédeur et nourriture, rien de mal ne peut en venir.
Si mal il y a, c'est d'autres qui l'y ont apporté avec eux.

La grande chose chaude, qu'y apportera-t-elle ?
Et que recevra-t-elle en retour ?

Là devant, l'obscurité s'anime...

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