Royaume d'Achaïa Che'Hina
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Une mule dans un palais...

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Une mule dans un palais... Empty Une mule dans un palais...

Message  NightShade Dim 3 Mar - 20:09

Il l'emmène à travers un jardin magnifique, plus somptueux encore que celui qu'elle a découvert en passant le pilier. Sans l'anxiété sourde qui lui ronge le coeur, elle adorerait la promenade. Un foisonnement de plantes, buissons fleuris, arbustes ornementaux, taches claires ou intenses, chatoyances, formes gracieuses en sombre sur le fond nocturne, leur danse nonchalante dans l'air au parfum entêtant, riche. Même la souplesse du sentier sous ses pieds. Tout est parfait, ici. Tout est magique.

Des insectes nocturnes lui zonzonnent aux oreilles, aucun moustique malgré la proximité de l'eau. Des papillons aux ailes immenses et veloutées passent devant les lanternes le temps d'une ombre jetée comme une aumône souriante. Un bâtiment se dessine à travers des feuillages, une colonnade fleurie devant laquelle le sentier vient prendre fin. La marche aussi, l'homme s'arrête. Et le dos tourné, il lui parle à nouveau.

" Ici nous trouverons de quoi vous préparer et vous vêtir avant de rejoindre Anog.
Désirez-vous que ce soit une femme plutôt que moi qui s'occupe de cela ?
Si tel est votre choix, sachez toutefois que j'en superviserai le bon déroulement."


De quoi ? Une femme ? Pour quoi faire ?
J'ai l'air du genre à accepter de me faire étriller comme une princesse aux mains d'inutile ou une génisse choisie pour l'autel et le couteau du prêtre ?


- Ni femme ni homme, je peux prendre soin de moi.

Agressive, la voix.
C'est de sa faute, aussi, elle était calmée, pourquoi il revient avec ses histoires à la con ?
Elle a besoin de personne.
Son peigne est resté dans la barque, mais ils doivent bien avoir des peignes ici, non ?

NightShade
NightShade

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Message  Monsieur M. Dim 17 Mar - 14:04

Il lui fit face un instant, la dévisageant comme la Vénus d'un tableau.

"Si telle est votre volonté, il en sera fait selon votre bon plaisir, Ma dame.
Nul ne vous approchera.
Mais tous vous serviront."


Puis il entra dans ce Palais semblable à une basilique à l'architecture presque byzantine,
sous d'innombrables voûtes qui jaillissaient de colonnes trapues ainsi que des piliers romans,
émaillées de briques polychromes,
serties de mosaïques,
incrustées de lapis et de sardoines.

Des parfums y brûlaient, entêtants, dégorgeant des nuées de vapeurs que trouaient, comme les yeux de phosphore des bêtes,
les feux des pierres enchâssées dans les parois de cette première salle dédiée aux bains et à la toilette ;
la vapeur montait,
se déroulait sous les arcades où la fumée bleue se mêlait à la poudre d'or des grands rayons que projetaient les lustres
suspendus sous un dôme.

Au centre de la pièce, creusée à même le sol, une immense baignoire remplie de lait d'anesse,
sentant la sauge, le thym et le niaouli, fumait,
mêlant les parfums de ses essences puissantes à celles des encensoirs.

Il s'écarta pour la laisser passer, et sans un mot, se posta près d'une immense armoire remplie de flacons.
Monsieur M.
Monsieur M.

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Message  Arys Dim 17 Mar - 14:40



Dans l'odeur perverse des parfums, dans l'atmosphère surchauffée du palais rouge,
Arys apparaît,
le bras gauche étendu dans un geste de commandement,
le bras droit replié tenant à la hauteur de visage un grand lotus,
s'avance lentement vers Night Shade sur les pointes de ses pieds nus aux accords d'une guitare
dont une femme accroupie pince les cordes.

La face recueillie, solennelle, elle commence la danse qui doit réveiller les sens de leur hôte ;
ses seins ondulent et,
au frottement de ses colliers qui tourbillonnent, leurs mamelons se dressent ;
sur la moiteur de sa peau les diamants, attachés, scintillent ;
ses bracelets, ses ceintures, ses bagues, crachent des étincelles ;
sur sa robe triomphale, couturée de perles, ramagée d'argent, lamée d'or, la cuirasse des orfèvreries,
dont chaque maille est une pierre, entre en combustion,
croise des serpenteaux de feu,
grouille sur la chair mate,
sur la peau rose thé,
comme des insectes splendides aux élytres éblouissants,
marbrés de rouge,
ponctués de jaune aurore,
diaprés de bleu acier,
tigré de vert paon.

Concentrée, les yeux fixes, comme une somnambule, elle ne voit ni Monsieur M. qui frémit,
ni la centauresse qui la surveille d'un œil craintif,
ni l’hermaphrodite qui se tient près de l'entrée, le sabre au poing, avec sa terrible figure, voilée jusqu'aux joues,
et dont la mamelle de châtré prend comme une gourde sous sa tunique bariolée d'orange.

Arys est une créature de rêve.
Et nul homme et nulle femme ne peuvent résister très longtemps aux charmes qu'elle dégage.
Elle a quelque chose d'étrange et de surhumain..
Elle n'est pas une simple baladine qui arracherait
- même à l'être le plus insensible qui soit -
par une torsion corrompue de ses reins, un cri de désir et de rut qui rompt l'énergie,
fond sur la volonté par des remous de seins,
des secousses de ventre,
des frissons de cuisses ;
elle est, en quelque sorte la déesse symbolique de l'indestructible Luxure,
la déesse de l'immortelle Hystérie,
la Beauté maudite,
élue entre toutes par la catalepsie qui lui raidit les chairs et lui durcit les muscles ;
la Bête monstrueuse, indifférente, irresponsable, insensible, empoissonnant,
comme Hélène de Troie,
tout ce qui l'approche,
tout ce qui la voit,
tout ce qu'elle touche.

Dans cet extraordinaire palais, d'un style confus et grandiose, qui lui sert de refuge,
vêtue de somptueuses et chimériques robes,
Arys s'avance jusqu'au bain,
invitant avec douceur la centauresse à s'y plonger,
abaissant son front mitré d'un diadème au dessus des effluves parfumées
et y déposant le lotus sacré en guise d'offrande.
.


Une mule dans un palais... Arys10
Arys
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Message  NightShade Mar 19 Mar - 23:28

"Ma Dame".
Et pourquoi pas Votre Splendeur tant qu'il y est.
J'ai horreur de ces salamalecs à la noix.


Enfin, l'homme a accepté de la laisser tranquille, déjà ça. Un moment la centauresse s'est dit qu'il allait insister pour lui frotter le dos lui-même. Le genre de choses qui se décourage à coups de sabots sur le coin de la mâchoire. Mais si, c'est subtil.

Elle le suit sous les voûtes massives du palais. La pesanteur évidente de l'ensemble, étrangement, ne parvient pas à en étouffer l'élégance, même sous la débauche d'ornements. C'est grand, c'est riche, c'est splendide. Et ça la met foutrement mal à l'aise, elle, la bourrique enveloppée dans un drap, tignasse en l'air et flancs creux de vagabonde mal nourrie. Elle au milieu de tout ce déploiement de luxe raffiné, c'est comme une mouche dans une jatte de crème.
Ca n'a rien à faire là.

Ca sent trop fort, ça brille trop clair, ça chatoie, ça miroite, ça étincelle, des gemmes et des cabochons, des mosaïques, émaux, cristaux et métaux précieux, des velours profonds et des soieries caressantes. Trop. Beaucoup trop. Pour une qui aime la sobre beauté d'une seule fleur sauvage, tout ce déballage, c'est presque de l'obscénité. Une raillerie, une cruauté. Toi, vulgaire caillou mal poli, regarde l'éclat merveilleux de nos facettes, notre limpide profondeur et la magie de nos couleurs sans nom. Regarde, et puis regarde-toi, déchet. Comment, tu es encore ici ?

Et elle en crève d'envie, de s'en aller.
Le seul truc qui la fait encore avancer, c'est un reste de fierté.
Celle à qui elle faisait confiance est trop loin, depuis trop longtemps. Elle s'est évanouie dans l'au-delà des rêves. Est-ce qu'elle a même jamais été vraiment là ?...

Secoue-toi. Oui, elle était là. Et elle t'a donné rendez-vous dans une heure.
Allez, avance, stupide carne sans cervelle.
Et on s'en fout si ça résonne trop fort, tes pieds sur ce marbre.
Marche.


Et elle serre les dents et marche, les yeux plantés entre les omoplates de son guide, comme deux lances aux pointes acérées.

La salle où ils parviennent est immense et envahie d'une vapeur lourde et odorante. Le bassin au centre est empli d'une eau curieusement blanche, et il faut que NightShade approche pour se rendre compte que ce n'est pas de l'eau. Elle se redresse, stupéfaite et désorientée. Ils n'espèrent quand même pas qu'elle entre là-dedans ?

Pas le temps de lancer un regard ahuri à l'homme. Un mouvement de l'autre côté de la pièce attire son regard. Une femme vient d'entrer, portée par les notes pincées d'une guitare. Une danseuse vêtue (ou presque) de riches étoffes et de bijoux précieux. L'opulence en mouvement, tombée des murailles du palais, douée de vie.

NightShade la suit des yeux, impossible de faire autrement. L'esprit vidé le temps d'une seconde ou deux, c'est la méfiance encore qui vient l'emplir, comme l'eau voilée d'écume surgit du fond du trou creusé dans le sable d'une plage. Que lui veut cette femme ? Pourquoi ce spectacle propre à déchaîner le sang des mâles, à elle qui n'en est pas un ? Trop de beauté, trop de richesse. La mouche se débat, les ailes poissées de crème.

La femme s'incline et pose une grosse fleur rosée sur la surface blanche, un geste parfait, gracieux et élégant, avec tout juste ce qu'il faut de nonchalance. La rôdeuse a déjà vu de ces fleurs mais ne connaît pas leur nom, ou l'a oublié. De toute façon c'est pas la bonne fleur, pense-t-elle en un éclair confus. Ma fleur à moi, elle est sombre. Et là-dessus, elle ne serait pas belle. Elle aurait l'air d'une grande mouche brune attendant de se noyer...

Et maintenant ?

L'homme, la femme.
Ils attendent et ils guettent.
Refuser d'entrer là-dedans ? Et puis quoi ? Que se passerait-il si elle refusait ? Un retour vers l'extérieur, l'errance, l'absence de but ?

Tout ça parce que j'aurais eu peur de mettre les pieds dans une grosse flaque de lait ?
Pas question.
En plus, j'ai déjà traversé bien pire, comme liquide.


Elle redresse le menton et les épaules. Le visage fermé comme un poing et le poing serré sur le drap qui lui enveloppe toujours le corps, elle marche résolument vers le bassin et y descend avec aplomb. Mais du côté le plus éloigné à la fois de l'homme et de la femme. Faut pas charrier, non plus.
Puis, plantée comme un piquet à quatre pieds dans l'épais fluide blanc, elle braque son regard plein de hargne vers l'homme.

- Voilà. Et maintenant ?

Juste quelques syllabes lourdes et dure comme des cailloux, qui troublent la musique douce et l'air aux senteurs capiteuses. Immobile, un front plein de défi bien droit bien digne au-dessus des plis du drap qui s'imbibe, elle attend. Elle est dans leur foutu bassin. Qu'est-ce qu'elle est censée faire, à présent ? Pas se laver, sûrement. Le lait ça lave pas. Ce qui veut dire qu'il y aura au moins un autre bassin, derrière.

Eh ben je suis pas près d'avoir les pieds au sec.

NightShade
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